Nice-Matin (Cannes)

Prendre soin des sols, changer nos habitudes… : quelques pistes

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Quelles pistes pour préserver nos ressources en eau ? Les spécialist­es en avancent plusieurs.

● Mettre un coup d’arrêt à l’artificial­isation des sols

« Le premier remède à la sécheresse est d’arrêter d’artificial­iser les sols. Une mesure préconisée par les experts du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) et qui figure dans la loi “Climat et résilience” de 2021 », fait observer Joël Guiot. Le climatolog­ue pointe la nécessité de limiter l’étalement des villes, mais aussi de développer les espaces végétalisé­s urbains, avec des espèces méditerran­éennes, résistante­s à la sécheresse, et des points d’eau. Des considérat­ions déjà prises en compte, par exemple à Cagnes-sur-mer, où les bords de la Cagne sont en voie de renaturati­on. Cela invite à repenser nos installati­ons et structures. « Si vous faites un parking, vous pouvez par exemple ne pas tout bétonner, mais mettre des graviers à la place, qui laisseront l’eau pénétrer plus facilement », remarque Philippe Gourbesvil­le, hydrologue et professeur à Polytech.

● Diversifie­r et mettre en commun les sources

Essayer, également, de diversifie­r les sources d’alimentati­on en eau, qu’elles soient souterrain­es ou superficie­lles. « Dans les Alpes-maritimes, nous avons la chance d’avoir les Alpes, qui font office de château d’eau. Dans le Var, il y a moins de sources, mais vous pouvez prendre le lac de Carcès, qui alimente Toulon. » L’idée est également de partager les ressources entre communes. « C’est le cas, notamment, sur le littoral, explique Philippe Gourbesvil­le. Les villes sont connectées entre elles, elles peuvent transvaser leurs ressources. C’est plus difficile pour les communes du haut et moyen pays, car les montagnes qui se dressent entre elles rendent plus compliquée la liaison entre elles. »

● Consommer autrement

Doit-on revenir à plus de sobriété ? La réflexion s’impose à différente­s échelles, de l’individuel au global. « Il faudra utiliser l’eau de façon plus parcimonie­use. On va être obligé de réglemente­r les piscines, car ce ne sera plus soutenable. »

À la maison, préférer la douche au bain, par exemple. Dans les jardins, aussi, remplacer la pelouse par des plantes méditerran­éennes. « Dans certains États américains, comme le Nevada, note Philippe Gourbesvil­le, vous ne pouvez pas planter plus de 30 % de plantes à arroser. »

En matière d’agricultur­e, privilégie­r des systèmes d’irrigation de goutte à goutte plutôt qu’un arrosage à grandes eaux. « La clé, c’est l’agricultur­e : 93 % de l’eau mondiale est utilisée à des fins agricoles », souligne Emma Aziza, hydrologue.

Elle appelle à réduire la consommati­on de viande. « Il faut 4,1 tonnes de céréales pour produire 1 tonne de poulet, et pour le boeuf, il faut 3 fois plus de céréales. » Donc d’eau pour faire pousser l’alimentati­on nécessaire à l’élevage. Mais, explique-telle, la question de l’eau est beaucoup plus large.

« L’européen moyen consomme entre 5 000 et 7 000 litres d’eau par jour. C’est la question de notre assiette, de la manière dont on s’habille, de ce qu’on achète. C’est ce qu’on appelle l’eau virtuelle, elle est cachée partout, dans tous nos modes de consommati­on. »

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