Nice-Matin (Cannes)

« J’ai réfléchi deux secondes »

Il a tout de suite répondu présent. Convié à remonter le temps sur quatre roues, Tom Pagès ,le roi du freestyle motocross, explore un autre monde avec applicatio­n et délectatio­n au Castellet.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON course 2 Formula Ford 1600 (1967-1992) / 8 tours warm up BOSS GP, F1 90’s et 2000’s course 2 Les 100 Km du GPFH, GT Classic & Protos 90’s / 45 minutes course 2 Historic Formula One, Légende des 70’s / 11 tours parade des mon

Un briefing par-ci, une interview par-là : entre essais qualificat­ifs et course 1 des 100 Km GT Classic et Protos du Grand Prix de France Historique, il n’a pas le temps de ronger son frein dans le garage de l’écurie varoise Châteaux Sport Auto qui guide son baptême du feu sur quatre roues en mode vintage. À mille lieues des scènes majuscules de la planète FMX (motocross freestyle) où il s’est forgé un palmarès taille XXL, très loin aussi du tremplin qui l’a vu accomplir une figure étourdissa­nte en base jump l’an dernier du côté d’avoriaz, Tom Pagès s’est glissé ce week-end dans la peau d’un néophyte. Le multiple médaillé aux X Games cravache un prototype Tiga SC 84 propulsé par un moteur Ford 2 litres de 140 chevaux. Une auto-école qu’il tente d’apprivoise­r sagement, sans faire autant d’étincelles qu’au guidon. Rencontre avant le premier top départ du week-end.

Tom, s’agit-il de votre première expérience au circuit Paul Ricard ?

Non, ici j’ai déjà fait deux roulages orchestrés par l’école Easy Monneret. C’était il y a deux ou trois ans, en compagnie de Randy de Puniet, au guidon de ma propre moto, une Yamaha R6. Rien à voir avec ce que je vis maintenant.

Comment s’est goupillée cette participat­ion aux 100 Km GT Classic et Protos ?

HVM Racing (le promoteur du Grand Prix de France Historique, ndlr) m’a proposé de prendre le volant de ce prototype

Tiga. J’ai réfléchi deux secondes, pas plus. Aucune hésitation. L’opportunit­é de courir sur une piste aussi prestigieu­se ne se présente pas tous les jours.

Pour moi, c’est l’occasion de faire un nouveau bout de chemin volant en main après avoir découvert la 208 Racing Cup à Charade et Nogaro ainsi que la 208 Rally Cup sur les routes du Mont-blanc grâce à Peugeot Sport.

J’aime beaucoup me frotter à d’autres discipline­s, ressentir des frissons différents.

Avant de démarrer vendredi, vous vous êtes entraîné un peu, beaucoup ou pas du tout ?

Pas du tout ! Je suis arrivé au Castellet jeudi soir.

En ce moment, le planning s’avère pas mal chargé entre les heures de vol pour passer mon brevet de pilote ULM et la reprise des sauts en parachute dans la perspectiv­e d’un nouveau défi prévu à l’horizon 2023. Même si l’essentiel de ma carrière moto est derrière

Votre auto est si compliquée que ça à dompter ?

Ce n’est pas simple, croyezmoi. Dès le premier tour, on mesure l’ampleur de la tâche. Je comprends pourquoi les bottines de course sont si fines.

Avec vos pieds, il faut être super précis sur les pédales. Et puis la boîte à crabots me donne vraiment du fil à retordre. Au début, elle me faisait paniquer.

Là, je commence à piger son maniement. Je change moins les rapports, ça va mieux. Enfin, il y a ce trafic auquel je ne suis pas habitué. À bord, on est installé très bas. J’ai la tête au niveau des roues arrière. Bien sûr, pas question de se retourner pour voir ce qui se passe dans mon sillage comme en moto. Donc je dois composer avec des angles morts. Bref, ça me donne un peu l’impression de rouler en karting sur le périphériq­ue parisien.

Les virages, les trajectoir­es, vous les maîtrisez ?

Le double droite du Beausset, c’est quelque chose... Et la courbe à gauche située juste après (virage de Bendor), c’est encore pire ! J’ai toujours tendance à freiner trop tôt, à chercher le point de corde. Mais ça se passe quand même mieux que lors de la séance de simulateur en arrivant ici, à l’xtrem Park. Je voulais juste prendre quelques repères, c’était hyper réaliste... et j’ai explosé ma Ferrari dans le décor d’entrée !

Si on vous proposait de boucler quelques tours à bord de l’une des F1 à moteur V8 ou V10 des années 90 et 2000 présentes ce week-end, vous accepterie­z ?

Ouais, je fonce ! Ces autos sont vraiment superbes. Les F1 plus anciennes, les F2 et les F3 aussi. De très belles mécaniques, vraiment, entretenue­s et pilotées par des passionnés, des connaisseu­rs. Je suis assez impression­né par tout ce que je vois dans les garages et en piste. Àborddel’undeces monstres, pensez-vous que le shoot d’adrénaline serait encore plus fort que celui ressenti en exécutant votre double « front flip » dans le vide à Avoriaz ? Rien ne pourra surpasser ce que j’ai vécu l’an dernier à Avoriaz. Tout simplement parce que c’était mon rêve ultime. Parce c’est une performanc­e extrême pour laquelle j’ai énormément travaillé. Comme un aboutissem­ent. À l’instar d’un pilote de F1 qui claque la pole position, j’ai tutoyé la limite. J’étais à 100 % de mon potentiel. Ni à 99 %, ni à 101 %... Alors que là, si je prends la piste dans le baquet de la Toro Rosso ou de la Benetton, ce sera en mode découverte, pour le plaisir. Une chouette émotion, sûrement.

Mais incomparab­le dans l’absolu.

Vous pensez réellement que vous ne vivrez rien de plus fort désormais ?

À l’aube de ma carrière de freestyleu­r une fois mon premier « double grab backflip » réussi, j’imaginais déjà avoir atteint le sommet. Et puis d’autres figures se sont enchaînées, toujours plus dures, osées. Alors, aujourd’hui, oui, je le pense... Mais je vais tout donner pour que ça ne s’arrête pas. Pour faire encore mieux.

Votre prochain défi, à quoi pourrait-il ressembler ?

L’idée est en train de germer. Ce sera différent. Pendant la parenthèse Covid, je me suis posé, j’ai réfléchi sereinemen­t.

À 37 ans, sans doute que le moment est venu de bifurquer vers autre chose. Plus proche de la cascade, de gens qui m’ont inspiré quand j’étais gamin comme l’américain Evel Knievel, ou Alain Prieur.

Vous savez qu’alain Prieur a sauté en moto plusieurs fois ici, sur la piste, face aux stands ? Il survolait des rangées d’autos, de bus...

Ah ouais ? D’accord ! Ce gars-là, je l’admirais. Tous ces cascadeurs, à l’époque, ils s’élançaient comme les soldats débarquant sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. En risquant leur vie à chaque instant. Chapeau bas ! Aujourd’hui, j’ai envie de me diriger vers la cascade. Des cascades beaucoup plus travaillée­s en amont, en suivant un cahier des charges, naturellem­ent. Histoire de leur rendre hommage.

Vous avez disputé l’enduropale du Touquet, en février. Il paraît que le Dakar vous tente. Vrai ou faux ?

✔ AUJOURD’HUI 9 h-9h20 : 9h35-9h45 : 10 h-10h45 : 11 h-11h25 : 11h40-12 h : 14 h-14h30 : 15h30-15h55 : 16h15-16h40 : 16h55-17h15 : 17h25-17h50 :

Entrée (accès paddock inclus) : 99

Vrai. Mais si j’y vais un jour, ce sera probableme­nt sur quatre roues. En moto, le rallye-raid ne m’attire pas spécialeme­nt. Je possède un SSV et j’ai un grand jardin, donc je m’entraîne ! Pourquoi pas ? Désormais, j’envisage la compétitio­n plutôt dans un baquet que sur une selle.

Pour conclure, si on vous demande de citer le nom d’un pilote automobile. Lequel vous vient spontanéme­nt à l’esprit ?

Ce sera forcément un pilote qui a brillé sur la terre. Ma surface. Disons Sébastien Loeb. Un membre de la famille Red Bull, comme moi. Ou alors Colin Mcrae. Parce que je jouais à la console. Et puis je l’ai croisé aux X Games où il évoluait en rallycross à bord de sa mythique Subaru Impreza.

‘‘ Désormais, j’envisage la compétitio­n plutôt dans un baquet que sur une selle ”

LE PROGRAMME

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moi, j’essaie de rester actif. La preuve, je tente ce truc de dingue !

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