L’ÉDITO Scénario catastrophe
« Les Français semblent presque regretter a posteriori d’avoir reconduit leur Président. »
Les résultats improbables de ces élections législatives ne marquent pas simplement l’échec cuisant du président de la République, deux mois à peine après sa réélection. La déroute d’un Jupiter tombé brutalement de l’olympe ouvre aussi une crise politique inédite. Sans majorité claire, l’assemblée sera à l’image du pays. Divisée et fracturée. Coincé entre la Nupes et le Rassemblement national, Emmanuel Macron n’a d’autre solution que d’aller chercher des alliés. Mais qui ? Pour combien de temps ? Pour quoi faire ? Hier soir, on a très bien compris ce qui se jouait en voyant sur le plateau de BFM TV Éric Dupond-moretti, combattant infatigable de l’extrême droite, inviter à plusieurs reprises le Rassemblement National à voter des textes comme le budget de la Justice. L’aveu de faiblesse, patent, en dit long. Comment imaginer une seconde que les oppositions, le couteau entre les dents, adopteront les réformes de cette majorité fantôme, au nom de l’intérêt général ? Avec ses airs de IVE République, la nouvelle Assemblée risque tout simplement d’être ingouvernable. Alliances de circonstance, pagaille généralisée, motions de censure à gogo : comment tenir ainsi pendant 5 ans ? Dès son discours de politique générale, début juillet, la Première ministre Élisabeth Borne (si elle est encore à Matignon…) pourrait être directement mise en échec. Un scénario catastrophe pour un gouvernement qui vole en éclats un mois seulement après avoir été formé. Battus, trois de ses membres – Brigitte Bourguignon (ministre de la Santé), Amélie de Montchalin (Transition écologique) et Justine Bénin (Mer) –
vont devoir plier bagage. Peut-être encore plus humiliant pour Emmanuel Macron, deux de ses fidèles de la première heure, Richard Ferrand (président de l’assemblée !) et Christophe Castaner, ont été poussés vers la sortie par des Français qui semblent presque regretter a posteriori d’avoir reconduit leur Président.