La guerre des chefs se paie cash dans les Alpes-maritimes
La rivalité entre les anciens LR passés chez Macron et Les Républicains a fait des dégâts dans la métropole niçoise et l’est du département. Surtout au détriment des macronistes.
L «a droite c’est nous ! » Les candidats de la macronie dans les Alpes-maritimes l’ont répété à l’envi, tout au long de cette campagne des législatives. Sans vraiment parvenir à convaincre les électeurs. L’autre droite, celle de la famille politique dont ils sont pour la plupart issus, emporte cinq circonscriptions sur neuf. Trois autres tombent dans l’escarcelle du Rassemblement national qui obtient là un résultat historique. La majorité présidentielle ne sauve les meubles que dans une seule circonscription, la troisième. Et encore, à bien y regarder, Philippe Pradal doit en partie son siège à la guerre fratricide qui divise (aussi) le parti de Marine Le Pen.
Un vainqueur mais deux perdants à droite
Si on cumule le nombre de voix obtenues au premier tour par le candidat investi RN, Benoît Kandel, et celles de Philippe Vardon, qui lui l’était en 2017, ces deux représentants de la droite extrême totalisent 28,03 % des suffrages. Largement de quoi imposer, s’ils n’étaient pas partis en ordre dispersé, un scénario dont l’issue aurait pu être bien moins favorable au candidat de Christian Estrosi. Globalement, le maire de Nice a perdu son pari... Et, quelque part, la guerre qui l’oppose depuis des années à son ancien directeur de cabinet Eric Ciotti. Le nouveau patron des Républicains dans le département, même s’il a personnellement perdu 2 000 voix en cinq ans dans la 1re circonscription, a pris sa revanche, dimanche, sur l’élection présidentielle. Les LR étaient alors tombés au plus bas. En ces terres historiquement de droite, Valérie Pécresse n’avait obtenu que 31 260 suffrages, cinq fois moins que François Fillon en 2012 !
Avec cinq députés, Les Républicains sortent donc vainqueurs de ces rivalités internes... Mais y laissent aussi des plumes. L’ensemble de leurs candidats ont totalisé 78 595 bulletins au soir du premier tour, contre 95 637 il y a cinq ans et surtout 180 896 en 2012 avant le schisme de la droite locale !
Dichotomie est-ouest
En réalité, il est clair que les deux camps paient cash cette guerre des chefs locaux. Sauf peut-être à l’ouest du département qui a su cultiver son indépendance. En témoigne le score réalisé par la candidate du maire de Cannes, David Lisnard, dans la 8e circonscription. Alexandra Martin fait peu ou prou le même nombre de voix que Bernard Brochand en 2012. On ne peut pas en dire autant à l’est, où les luttes d’influence se sont propagées après le décès du baron local Jean-claude Guibal, notamment à l’occasion de sa succession électorale à la mairie de Menton. Avec en toile de fond récurrente une possible métropolisation de la Carf (Communauté d’agglomérations de la riviera française)... Voire du conseil départemental lui-même. C’est sans doute l’enjeu de ces rivalités locales qui, lors de ces législatives, ont surtout profité au Rassemblement national. Le parti de Marine Le Pen compte, depuis dimanche soir, trois députés azuréens dans ses rangs. Du jamais vu dans ce département (lire page précédente) .Et pourtant, si on en revient une fois encore aux chiffres bruts le RN n’a pas vraiment fait exploser le plafond de verre. Les candidats du parti à la flamme ont cumulé sur l’ensemble du département à peine 1 813 bulletins de plus qu’au premier tour de 2017 et 13 812 de moins qu’il y a dix ans ! Même Alexandra Masson dans la 4e circonscription n’a finalement pas fait mieux que Lydia Schénardi en 2012, du moins au premier tour. Si ce n’est que cette fois, pour le second tour, la guerre des patrons de la droite locale, historique ou ralliée à la majorité présidentielle, a ouvert aux candidats de Marine Le Pen un boulevard jusqu’à l’assemblée nationale. Car aujourd’hui, l’électorat azuréen des Républicains est clairement Rn-compatible, et vice-versa.