Baccalauréat : après des couacs, le grand oral encore en rodage
Depuis hier, les candidats au bac général et technologique passent l’ultime épreuve. Victime de dysfonctionnements l’an passé, il avait été critiqué.
L «’année dernière, on a essuyé les plâtres. Cette année, c'est la première fois qu’on prend la mesure du nouveau bac. » Les propos émanent d’un professeur d'histoire-géographie en lycée à Angoulême.
Pour cette épreuve du grand oral, l'élève peut conserver avec lui le brouillon qu'il a écrit lors du temps de préparation du sujet, avant sa prise de parole. Elle est notée avec un coefficient 10 en filière générale et 14 en filière technologique (sur un total de 100). Le jury, composé de deux professeurs, dont l'un enseigne une des spécialités, choisit une question sur les deux que l’élève a choisies et préparées. L'oral dure 20 minutes, dont 5 minutes d'exposé, 10 d'entretien avec le jury et 5 de discussion sur son projet d'orientation.
L'an dernier, des dysfonctionnements avaient été relevés dans l'organisation, dans un contexte perturbé par la Covid (retards dans les envois de convocations aux élèves et aux enseignants). Pour Cécile Suel, professeure documentaliste dans le Pas-de-calais, « l’organisation a été franchement catastrophique. Dans l’établissement où je me suis retrouvée, Des enseignants n'ont pas été convoqués. Des collègues ont été appelés au pied levé ».
Par ailleurs, elle a dû se rendre dans un établissement à plus de 50 kilomètres du sien. « On s’est retrouvés pour beaucoup envoyés très loin de chez nous. »
Certains racontent que des collègues ont dû faire passer des matières qui leur étaient étrangères, comme des profs D'EPS pour les maths !
L’oral reste peu valorisé en France
Plusieurs enseignants le soulignent : le grand attrait de cette épreuve est de faire travailler l'oral, souvent peu valorisé en France. C'est là aussi que le bât blesse : les élèves manquent généralement de temps dans l'année pour travailler ces compétences spécifiques. « Le problème, c'est d'avoir cette nouvelle mission avec un horaire qui ne bouge pas et un temps qui n'est pas dédié », souligne Thomas Dautais, professeur de sciences économiques et sociales (SES) en Loire-atlantique. Même constat pour Renaud, professeur de SES dans un lycée de Seine-et-marne : « On est tellement pressés par le temps tout au long de l'année, pour pouvoir finir le programme, qu’on n’a aucun moment pour travailler le grand oral. Tout au long de la carrière d'un élève, soit durant 12 à 13 années, on ne met pas l'oral au centre des apprentissages. Et au dernier moment, on lui demande un peu en traître de préparer un oral. »
Comme pour la philosophie, les notes du grand oral sont prises en compte dans la moyenne du bac. Les résultats seront publiés le 5 juillet. Depuis sa réforme en 2019, la note du bac repose à 60 % sur des épreuves terminales. L'an dernier, près de 94 % des candidats avaient décroché le diplôme.