Nice-Matin (Cannes)

« Il faut que tout le monde se mette autour de la table pour trouver des solutions pérennes »

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. T.

Dans un communiqué diffusé hier, les sapeurs-pompiers détaillent plusieurs propositio­ns pour résorber la crise des urgences. Pourquoi cette démarche ?

Nous sommes les premiers pourvoyeur­s des services d’urgence avec 4 millions d’interventi­ons en pré-hospitalie­r par an et force est de constater que ceux qui sont chargés de trouver de solutions à cette crise ne se tournent pas vers nous. Nous voulons attirer l’attention pour dire que les sapeurs-pompiers sont là et ont des solutions à apporter.

La crise n’est pas nouvelle. Comment en est-on arrivé à une telle saturation ?

Depuis 20 ans, nous sommes confrontés à une dégradatio­n de l’offre, avec une baisse du numerus clausus, dans un contexte d’augmentati­on de la démographi­e et de vieillisse­ment de la population. La demande de soins est plus importante et les gens se tournent vers les urgences. Il n’y a plus de médecin dans certains territoire­s et il y a eu un hospitaloc­entrisme pendant des années. Un lobbying qui disait “Venez aux urgences, composez le 15”.

Dans quelles mesures les pompiers pâtissent de cette crise ?

Les VSAV [véhicule de secours et d’assistance aux victimes] attendent parfois des heures avant de pouvoir déposer des malades. Pendant ce temps les patients ne sont pas pris en charge par les urgences et les sapeurs-pompiers sont mobilisés et ne peuvent plus être disponible­s pour d’autres missions dans une période où nous devons faire face aux conséquenc­es du dérèglemen­t climatique (canicule, incendies).

Pressentez-vous un été particuliè­rement difficile ?

Les sapeurs-pompiers vont être très sollicités, surtout en zone touristiqu­e où il y a plus de monde, plus d’activités, et, dans le sud, mais pas seulement, le risque feux de forêt. Les incendies ont commencé très tôt cette année. Et les services qui ferment font que les VSAV sont amenés à faire de la route, ce qui diminue le temps de disponibil­ité des sapeurspom­piers.

Vous proposez des mesures « simples et immédiatem­ent praticable­s » dites-vous. Pourquoi personne n’y a pensé plus tôt ?

Certaines mesures existent déjà. Déposer un patient ailleurs qu’aux urgences est possible depuis 2015 mais les ARS ne l’ont pas mis en oeuvre dans les territoire­s. Un patient qui se blesse et a besoin de trois points de suture, c’est plus opportun de le déposer chez un médecin à une centaine de mètres plutôt qu’aux urgences à l’autre bout du départemen­t et où il y a des heures d’attente. Il faut que tout le monde se mettre autour de la table pour trouver des solutions pérennes.

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