Canjuers : 1 800 hectares brûlés et un silence brûlant
Quatre jours de lutte ont été nécessaires pour stopper le feu dans le camp militaire ,où 29 pompiers ont été blessés dans l’explosion d’un obus. Le ministère des Armées garde le silence.
De quoi attiser l’inquiétude. Avant même que la saison estivale ne commence, le Var a déjà connu son premier grand feu. 1 800 hectares sont partis en fumée en quatre jours dans le camp de Canjuers, dans l’arrière-pays de Draguignan. Un coup de chaud au moment précis où la France a connu sa première canicule, marquée par une sécheresse déjà avancée de la végétation. Lundi soir, vingt-neuf sapeurs pompiers ont été blessés dans l’explosion d’un obus, alors qu’ils travaillaient à noyer les lisières du feu. Et c’est bien tout le danger de l’incendie à l’intérieur du camp militaire, réputé truffé de munitions, dont certaines non explosées. Choqués par l’explosion et auscultés par un médecin, ces pompiers ont été mis au repos, sans que leur état ne justifie une hospitalisation. L’un d’eux conduisait le bull qui a heurté un obus «enzone verte », c’est-à-dire en dehors de la cartographie connue des zones dangereuses.
Même les maires sont mis devant le fait accompli
Le début de l’incendie remonte à samedi matin, quand des flammes ont jailli, à l’intérieur d’un « réceptacle de tir ». Impossible d’approcher « une zone polluée en termes de munitions », que ce soit à terre ou dans les airs, détaille le Service départemental d’incendie et de secours du Var, engagé depuis samedi matin et qui a pris le commandement des opérations de secours.
Quand le feu est devenu « attaquable », il n’avait plus rien d’un feu naissant.
Face à cette situation de crise, le voisinage n’a pas pu compter sur le dialogue avec les militaires. Même les maires sont mis devant le silence accompli de l’armée de Terre. Et ne cachent plus leur inquiétude.
Aux appels de la presse, le ministère des Armées répond qu’il «n’a pas de commentaire à faire à ce sujet ». Le parquet militaire de Marseille a ouvert une enquête. Le tir qui a embrasé la végétation, ce 18 juin caniculaire, était-il de rigueur ? A-t-il respecté des mesures de prudence ? Au risque de mobiliser précieuses forces d’intervention.