Nice-Matin (Cannes)

Retrouvée morte : 5 heures pour constater son décès

Une a été retrouvée morte dans son appartemen­t vers 14 heures. Il a fallu attendre 19 heures pour qu’un médecin puisse établir le constat. En cause : la pénurie de généralist­es. Famille d’accueil cherchée pour le chat de la défunte

- RACHEL DORDOR ET MARGAUX BOSCAGLI

C’est encore l’émoi du côté du quartier de Garavan à Menton, plus précisémen­t dans la résidence « Santa Maria » – située au 27 Porte de France –, où une propriétai­re a été retrouvée morte dans son appartemen­t, jeudi dernier vers 14 heures.

Mais à l’émotion de cette triste nouvelle s’est ajouté un sentiment de colère, car aucun médecin généralist­e mentonnais ne s’est déplacé rapidement pour établir le constat de décès de cette dame. Il a fallu plusieurs heures à l’officier de police judiciaire, venu sur les lieux, pour tenter de trouver un médecin à Menton ou du Samu, qui puisse dresser ce constat obligatoir­e. Ce n’est que vers 19 heures qu’il a été finalement établi, permettant ainsi de conduire le corps de la défunte au funérarium de Menton en début de soirée.

Morte depuis plusieurs semaines

Président du conseil syndical de cette résidence de Garavan, François Jacquot s’est dit choqué, jugeant « inqualifia­ble dans une ville comme Menton qu’aucun médecin n’accepte de se déplacer pour faire un constat de décès »…

Cela faisait plusieurs jours que le concierge de l’immeuble et les riverains ne voyaient plus cette résidente.

Deux plombiers de la société sospeloise Histoires d’eaux, Joël Martin et Patrick Commenvill­e, étaient en interventi­on pour une coupure d’eau dans la résidence. Ce sont eux qui ont fait la triste découverte du corps de cette dame. « La femme du concierge est venue nous dire que ça faisait un moment que plus personne ne voyait cette résidente. On la connaît, on est déjà intervenus chez elle, et on sait qu’elle est âgée alors on s’est dit qu’il fallait réagir rapidement, qu’elle avait peut-être un souci », racontent-ils. « En plus, il y avait cette odeur nauséabond­e très particuliè­re. On a donc demandé au concierge si l’on pouvait récupérer les clefs de l’appartemen­t voisin, et on est passés par la terrasse. C’est là qu’on a aperçu le corps inanimé à travers la baie vitrée. Après, il nous a fallu trois quarts d’heure pour avoir une autorité au téléphone, et une demi-heure avant que la police nationale n’arrive… » « Elle était morte depuis au moins trois semaines et n’avait pas de famille, ni de médecin traitant », précise le docteur Jacques Chassery, qui s’est rendu vers 19 heures sur les lieux pour constater le décès.

Pénurie de médecins

La pénurie de médecins généralist­es à Menton, il la connaît bien, lui qui a occupé les fonctions de président de l’associatio­n des médecins de garde du Mentonnais pendant dix ans : « Quand j’ai pris la présidence, on était une quarantain­e de médecins sur Menton et sa région et on faisait des gardes ;

Les deux plombiers qui ont découvert le corps lancent un appel à l’aide pour le chat de la défunte, que Patrick Commenvill­e a récupéré sur place.

« C’est une femelle qui doit avoir environ deux ans et demi, toute gentille, qui ne craint pas les chiens. Elle était en état de déshydrata­tion totale ; heureuseme­nt, il y avait un paquet de croquettes percé au sol dans l’appartemen­t, alors elle a pu se nourrir durant ces trois semaines », explique-t-il. L’homme, qui a l’habitude de venir à la rescousse d’animaux à l’abandon avec son épouse, ne peut pas garder l’animal. « On a déjà quatorze chats, des chiens… On voudrait donc lui trouver une famille d’accueil aimante. » Pour toute informatio­n, Patrick Commenvill­e est joignable à l’adresse e-mail : histoiresd­eaux@yahoo.fr on ne sera plus que quinze à la fin de l’année avec des départs réguliers à la retraite. D’autres suivent dans quelques jours… Sans compter que les jeunes médecins ne sont pas très volontaire­s pour s’impliquer dans des tours de garde », se navre le médecin mentonnais, ajoutant : « La police sait que je suis assez présent pour faire ce type de constat, mais ce jour-là, j’en avais aussi un à faire au-dessus de Castellar… »

Une situation qui perdure depuis plusieurs années, et pour laquelle le docteur Chassery a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, pointant du doigt le vieillisse­ment

des praticiens.

Mais aujourd’hui, il a des raisons de se réjouir, puisqu’il vient de passer le flambeau de la présidence – lors de la dernière assemblée générale de l’associatio­n – à une jeune et nouvelle médecin, le docteur Karine Castellani, installée dans le Careï. « C’est une bonne nouvelle pour l’avenir de la médecine de garde à Menton, d’autant que cette équipe est de bonne volonté et prête à s’investir aussi dans la télémédeci­ne et à créer une maison médicale dans l’enceinte de l’hôpital. »

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(Photo DR) Il a fallu plusieurs heures à l’officier de police judiciaire pour trouver un médecin qui puisse constater le décès.

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