Nice-Matin (Cannes)

Le foot dans le sang

Passionné considéré par d’anciens collaborat­eurs comme « le meilleur jamais croisé », Lucien Favre fêtera sa 100e avec le Gym sur la 1re journée de L1. Son retour fait déjà l’unanimité.

- WILLIAM HUMBERSET

Etre passionné ne veut pas forcément dire que l’on est passionnan­t. L’équation paraît pourtant limpide lorsque vous évoquez le nom de Lucien Favre. «Un génie », « un professeur », «un précurseur », « un personnage attachant », « un entraîneur marquant »... Peu importe l’interlocut­eur, le compliment est souvent au rendez-vous. Ses deux saisons passées avec le Gym laissent des souvenirs vibrants (2016-2018). Son retour annoncé dès lundi pour la reprise de l’entraîneme­nt s’annonce excitant. Et pas seulement à Nice. « C’est toujours sympa de revoir des coachs qui font partie des grandes figures de la Ligue 1. Quand on croise ‘‘Lulu’’, on ne l’oublie plus, » sourit Maxime Le Marchand, défenseur du Gym sous les ordres de Favre et désormais strasbourg­eois.

« Attachant, quitte à être parfois déroutant »

Champion d’automne puis 3e à la fin de la première année niçoise, Lucien Favre avait terminé 8e au bout de la suivante, à un point de la Ligue Europa. Il était parti à Dortmund sur une déception après une saison marquée par ses frustratio­ns au sujet du mercato et des actionnair­es chinois. Ses anciens joueurs ne gardent malgré tout qu’un seul mot à la bouche : « progressio­n ». « Après une saison exceptionn­elle, on avait tous touché nos limites, c’était difficile de faire mieux », rembobine Yoan Cardinale, gardien d’une saison 2016-2017 qui, selon lui, « reste gravée comme la meilleure chez tous les amoureux du club. A la 36e journée, on avait deux défaites. On était Nice, pas le Bayern Munich ! Avec des Cardinale, Baysse, Koziello et Dalbert, dont on avait pratiqueme­nt jamais entendu parler. »

« Sur la position du corps, les appuis, que ce soit sur le plan technique pour le contrôle de balle, ou sur un point tactique dans le duel en un contre un. Il est très méticuleux, il m’a beaucoup appris, » confirme Le Marchand.

Comme l’a fait Mario Balotelli aussi, sur les réseaux sociaux, alors que son profil d’attaquant n’était pas vraiment le préféré du technicien suisse. « Il m’a rendu bien meilleur, notamment sur le plan tactique, admirait l’italien en référence à la meilleure saison de sa carrière (26 buts en 2017-18). Alors qu’avant, je fonctionna­is beaucoup à l’instinct. J’ai découvert un grand entraîneur. Il est très bon tactiqueme­nt, mais aussi dans sa manière de gérer le vestiaire. » « Mario a compris le jeu de Lucien, et Favre a compris le fonctionne­ment de Balotelli, témoigne ‘‘Cardi’’, qui espère se relancer en Ligue 2, la saison prochaine. Sans se mouiller, il sait comprendre le besoin de ses joueurs. Il s’adapte à tout le monde. C’est l’un des rares coachs que j’ai vus donner autant d’importance à ses adjoints. Adrian (Ursea) ou Fred (Gioria) n'avaient pas besoin de passer par Lucien pour faire une remarque à un joueur, à l’entraîneme­nt comme en match. D’autres veulent les pleins pouvoirs seulement pour eux... » « On va retrouver un coach unanimemen­t apprécié, notamment au niveau de l’humain, souffle un salarié. Qui dit bonjour à tout le monde, qui vouvoie même ses joueurs. Un personnage attachant, quitte à être parfois déroutant (rires). »

« C’était Panoramix. Il avait la recette, on buvait ses paroles »

Coiffure, fromage, bon vin, Lucien peut parler de tout avec tout le monde. Et avoir des tocs aussi. Avant un match, il ne serre plus la main de ses joueurs s’il a entretemps lavé les siennes. «Ilfaitsouv­ent les mêmes causeries aussi. Il rabâche les bases. Ça semble bizarre au début, rigole Cardinale. Comme ses séances de 2h40 en stage d’avantsaiso­n où tu répètes sans cesse les principes primaires du foot. T’es un joueur pro, tu penses ne pas en avoir besoin. A la fin, tu les maîtrises si bien que tu te sens invincible. »

« A la mi-temps, il appuie généraleme­nt sur le positif de la première période, embraye Le Marchand. Toujours dans la volonté de marquer. Il finissait en permanence ses causeries par : ‘‘ Un but, et ça va aller !’’ »

Le Gym de Galtier était figé en 4-42. Celui de Favre pourra évoluer à trois derrière, d’autres fois avec trois attaquants, tantôt avec cinq milieux... « Il s’adapte à l'effectif et à l’adversaire, même s’il garde ses grandes idées de jeu en tête. Il lui faut simplement des joueurs qui soient à l’écoute. » (Le Marchand)

« Avant le fameux 3-1 contre Paris, il nous avait dit : ‘‘ Je sais que si on tire tous dans le même sens, on peut battre n’importe qui sur Terre.’’ Il nous donnait confiance, on avait roulé sur le PSG. C'était Panoramix, notre druide. Il avait la recette, on buvait ses paroles. »

Jean-pierre Rivère, lui, avait presque une prémonitio­n en mai 2021. « Il y a des gens qu’on apprécie humainemen­t, c’est le cas avec Lucien et c’est pourquoi on se contacte régulièrem­ent. C’est un coach qui a eu une belle réussite malgré une fin difficile à Dortmund. Il a été très heureux à Nice et a gardé des contacts au sein du club. C’est du fantasme, son retour ? Ou il ne faut jamais dire jamais ? Il ne faut jamais dire jamais. »

Galtier d’accord avec le PSG

Selon les informatio­ns de L’equipe, Christophe Galtier a trouvé un accord avec le PSG hier autour d’un contrat de deux ans, plus une en option. L’accord de principe reste dans l’attente du départ officiel de Pochettino.

 ?? (Photo S. Botella) ?? Parti au Borussia Dortmund, en 2018, Lucien Favre remplacera Christophe Galtier à la reprise du 27 juin. Un retour qui suscite déjà la passion.
(Photo S. Botella) Parti au Borussia Dortmund, en 2018, Lucien Favre remplacera Christophe Galtier à la reprise du 27 juin. Un retour qui suscite déjà la passion.

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