Nice-Matin (Cannes)

Nice : « Si j’avais été un mac j’aurais pris tout l’argent »

Un homme de 28 ans, qui venait de se découvrir une vocation de proxénète, a été condamné jeudi soir à quatre ans de prison ferme. Deux prostituée­s, rouées de coups, avaient déposé plainte.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Mamadou Diallo, 28 ans, se présente, tête haute, prêt à affronter le tribunal correction­nel de Nice pour répondre à la fois de violences aggravées mais également de proxénétis­me. « Pour les violences, je regrette, j’ai mal réagi. Pour le proxénétis­me, j’ai du mal à l’accepter, mais mon avocate m’a expliqué. »

Le prévenu est domicilié à Rouen et venait de s’installer à Nice pour, dit-il, y chercher du travail. La justice lui reproche surtout d’avoir tiré profit de deux jeunes femmes en difficulté qui s’étaient résolues à se prostituer. L’affaire est mise au jour quand Alya et Melina se présentent le 6 mai,

(1) visage ensanglant­é, au commissari­at central de Nice. Les blessures sont telles que les jeunes femmes sont conduites à l’hôpital. Melina est coupée à la tempe. Alya souffre, entre autres, d’une double fracture à la mâchoire.

50 % des gains

En relation via un réseau social avec Mamadou Diallo, l’une est de Marseille, l’autre de la région parisienne. Il les avait convaincue­s de venir se prostituer à Nice. Lui s’occupait de tout : billets de train, location d’un appartemen­t à Pessicart, rédaction des petites annonces, gestion de la clientèle. Il gardait également si nécessaire l’enfant handicapée d’une des jeunes femmes. Il empochait au passage 50 % des gains d’alya et Melina.

« Tout ça, c’était à leur demande », se justifie Mamadou Diallo, qui fait tout de même amende honorable : « Je voudrais m’excuser auprès des victimes. J’avais remarqué que de l’argent m’avait été volé. J’ai réagi de colère. »

Les deux femmes, absentes, représenté­es par Me Agnès Farrugia, l’accusent de leur avoir dérobé chacune 2 000 euros. La police a saisi 650 euros dans la sacoche de marque de Mamadou Diallo et 50 g de cannabis. « Je n’ai pris que 300 euros sur les 1000 que Melina avait. Si j’avais été « un mac », j’aurais tout pris. »

Du sang partout

« Vous pressentez que ça va mal se terminer puisque vous tirez les rideaux de l’appartemen­t avant de les frapper », remarque le président Christian Legay. «Ilyavaitdu sang partout disent-elles. Ce sont elles qui ont nettoyé ? » « C’est ça », admet le proxénète à la petite semaine. La procureure Parvine Derivery s’étonne : « Vous dites leur avoir avancé 400 euros à leur arrivée. Quel était votre intérêt ? » « Je n’avais pas trouvé de travail et je voulais garder l’appartemen­t. C’était un investisse­ment. » La magistrate note que le prévenu n’a aucun revenu officiel mais 1 000 euros de charges mensuelles et possède une sacoche de luxe à 2 500 euros. Les policiers précisent le prix sur le PV de perquisiti­on. « C’est une fausse », jure le prévenu.

Me Farrugia, partie civile, dénonce « le massacre » de ses clientes. « Et quelle indignité de demander aux victimes de nettoyer l’appartemen­t. Comment tomber plus bas ? »

Me Macchi, pour EACP, une associatio­n de lutte contre la prostituti­on, réclame 20 000 euros de dommages et intérêts. Elle en obtiendra 2 000.

Préjudices en cours d’évaluation

La procureure requiert cinq ans de prison, choquée par la désinvoltu­re du prévenu. « Sans doute ne les estimait-il pas suffisamme­nt rentables. Alors il a décidé de les voler et de les maltraiter. »

En défense, Me Bénédicte Page regrette l’absence des victimes, ce qui aurait permis une confrontat­ion. Elle demande une obligation de soins pour son client. Le tribunal inflige quatre ans d’emprisonne­ment au proxénète et une interdicti­on de séjour pendant cinq ans dans les Alpes-maritimes. Il est également condamné à verser 2 000 euros à chacune des jeunes femmes ainsi que 500 euros à l’enfant de l’une d’elles. Des expertises médicales ont été ordonnées pour évaluer les préjudices des deux victimes.

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(Photo DR) Installé depuis peu à Nice, l’homme assistait les jeunes femmes et empochait 50 % de leurs gains. Il vient d’être condamné pour proxénétis­me.

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