Législatives : Renaud Muselier sort de son silence
Le président de la Région a pris son temps pour s’exprimer sur les résultats des dernières élections. Mais il appelle les parlementaires à se montrer responsables pour l’intérêt de la France.
N’en déplaise aux professeurs de mathématiques, Renaud Muselier trouve « l’addition plus difficile que la division ». En politique, du moins. Ce qui ne l’empêche pas de la pratiquer avec un certain succès. « Nous avons démontré que la stratégie Notre Région d’abord, d’unité des écologistes raisonnables jusqu’à la droite gaulliste, était le seul moyen de convaincre et de gagner en Région Sud », martèle-t-il à la veille d’une assemblée plénière qui intervient quelques jours à peine après les élections législatives.
Pas tendre avec LR
S’il s’était montré discret au soir du second tour qui n’a pas permis au président de la République de disposer d’une majorité absolue à l’assemblée nationale, c’est un Renaud Muselier, certes encore convalescent mais
(1) volubile, qui a livré son analyse politique hier. Presque en vieux sage (pas tant sur la forme que sur le fond), le président de la Région Provence-alpes-côte d’azur tire quatre enseignements au niveau national. Premièrement, ça en est fini des plafonds de verre. «La mécanique du front républicain s’est au moins enrayée, voire carrément détruite dans certaines circonscriptions ».
S’il n’est pas vraiment surpris, tant l’extrême droite est présente de façon constante dans notre région, Renaud Muselier ne peut que constater la « percée historique et prévisible du Rassemblement national ».
Sans remettre en question « le succès d’estime » rencontré par la Nupes, le président de la Région n’hésite pas pour autant à parler « d’échec électoral là où cette union attentait 170 à 200 députés ».
Mais c’est encore avec son ancienne famille, Les Républicains (LR), qu’il est le plus caustique. « Alors qu’ils ont perdu en France la moitié de leurs députés, les deux tiers en Région Sud où ils disparaissent de cinq départements sur six, ils croient en leur avenir. La vérité, c’est qu’ils sortent affaiblis » , déclare celui qui n’a pas oublié la façon dont il a été traité par certains de ses anciens amis.
Renaud Muselier n’oublie rien. Avec lui, c’est un peu oeil pour oeil, dent pour dent. « J’ai pour habitude de soutenir ceux qui m’ont soutenu. La coalition de gauche composée du PS, du PCF et D’EE-LV s’était retirée en ma faveur lors des régionales 2021. Je n’ai donc pas hésité à soutenir leurs candidats lorsqu’ils étaient opposés au RN lors du second tour des législatives. En ce qui concerne la France insoumise, qui n’a jamais appelé à voter pour moi, c’est différent » .Ettant pis si ça a pu çà et là favoriser la victoire d’un candidat RN. Renaud Muselier assume sa position.
Apprendre à travailler ensemble
Mais la question qui taraude aujourd’hui l’expérimenté président de la Région Paca, c’est de savoir si la France va pouvoir être gouvernée. S’il refuse de tomber dans le pessimisme – « ce n’est pas mon caractère » – Renaud Muselier se montre pour le moins circonspect. « Au niveau européen comme local, des élus qui n’appartiennent pas aux mêmes formations politiques arrivent à travailler ensemble. Mais au niveau national, on n’y arrive pas. Ce n’est pas dans notre culture. C’est pourtant ce que demandent les Français ».
S’il ne se fait aucune illusion sur l’attitude du Rassemblement national et de La France Insoumise qu’il s’attend à voir camper dans une opposition systématique, Renaud Muselier veut croire à de possibles ententes ponctuelles avec des députés socialistes et communistes. Et les LR ? « Si vous connaissez la position de Gérard Larcher, ça m’intéresse. Quant à Bruno Retailleau, il mord tout le monde », taclet-il. Avant de reprendre, plus sérieux : « Avec des gens comme Jean-françois Copé, Olivier Marleix ou Christelle Morançais, la présidente LR des Pays de la Loire, ce n’est peut-être pas impossible ».
1. Fin mai, il était mal tombé en mer en voulant passer d’un bateau à l’autre et s’était cassé plusieurs côtes.