Nice-Matin (Cannes)

Des groupes de parole pour aider les futurs papas

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Durant la grossesse ou juste après l’accoucheme­nt, de nombreuses méthodes existent pour encourager les parents qui le souhaitent à créer un lien avec leur bébé. Ces pratiques concernent aussi bien les mamans que les papas ou « deuxièmes parents ».

➨ L’haptonomie L’haptonomie permet au père et la mère de nouer une relation dèslesprem­ières semaines de grossesse. Par lescaresse­ssur leventrede­lafuture maman, les parents apprennent à déplacer leur enfant et à le bercer.

➨ La méthode Bonapace Originaire du Canada, la méthode Bonapace a pour vocation de réduire la douleur causée lors de l’accoucheme­nt. Cette méthode donne une place centrale au père. Ce dernier apprend, au cours des séances, à localiser plusieurs points clefs situés aux mains, aux pieds, au niveau du sacrum et du fessier. Le futur papa va également apprendre à masser sa femme avec des gestes doux et légers. Les cours sont dispensés soit par une sage-femme, soit par un généralist­e habilité et reconnu. ➨ Le peau à peau

Le peau à peau consiste à déposer le nourrisson nu (ou avec une couche) directemen­t sur sa mère ou son père, poitrine contre poitrine. Cette méthode permet de diminuer les pleurs, de faciliter l’allaitemen­t, mais aussi de stabiliser la températur­e du corps. « Pour les bébés prématurés, le peau à peau est même un soin. En effet, grâce à cette méthode, ils font moins de bradycardi­es transitoir­es (ralentisse­ment du rythme cardiaque au-dessous de la normale) », détaille Toni Gouazé, sage-femme.

➨ Le portage

Porter son bébé dans les bras ou à l’aide d’un tissu favorise l’attachemen­t. Pour les mamans, c’est l’occasion de retrouver les sensations de grossesse, et pour le papa, de goûter à cette proximité.

➨ Et aussi...

Le chant, la musique, les ateliers de massage ou de yoga avec bébé, les cours de préparatio­n à l’accoucheme­nt... Il existe de nombreuses façons de créer du lien. Au « deuxième parent » de choisir celle qui lui convient.

« Être père »... qu’est-ce que cela signifie de nos jours ?

Dans l’histoire, le mot « père » n’a pas toujours eu la même définition. Rappelons déjà, qu’il y a 300 000 ans, il n’existait pas. En effet, chez les Homo Sapiens, la femme avait plusieurs partenaire­s et le groupe s’occupait du bébé. Puis, lorsque l’espérance de vie s’est rallongée et que la société s’est organisée, il a fallu créer des familles. Le rôle du père apparaît alors pour transmettr­e les biens acquis et perpétuer le « nom ». Au XXE siècle, les femmes ont voulu s’émanciper. La définition du « père » comme chef de famille s’est alors diluée. Aujourd’hui, il désigne celui (ou celle) qui s’occupe de l’enfant ou s’y attache et qui contribue à son développem­ent. C’est la deuxième figure d’attachemen­t associée à la mère.

Ça signifie que la fonction de « père » n’est pas attribuée systématiq­uement au géniteur ?

Absolument. La deuxième figure d’attachemen­t peut très bien être un homme ou une femme, un oncle ou une grand-mère. Ce qui compte, c’est que l’enfant soit entouré d’au moins deux images parentales – associées et différenci­ées – qui vont lui apprendre à aimer sa mère et

Depuis la création du congé paternité en 2002, de nombreux pères en ont bénéficié. D’après l’enquête « Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants » de 2013, près de sept papas sur dix y ont eu recours. Un tiers d’entre eux ont – tout de même – décidé d’y renoncer. Mais pourquoi ? « Il y a un aspect culturel et nous gardons une conception très traditionn­elle de la famille : on pense que la mère quelqu’un d’autre. C’est ainsi qu’il élargit ses stimulatio­ns cérébrales. Pour se développer au mieux, l’enfant peut – bien sûr – avoir d’autres figures d’attachemen­t (nounou, beaux-parents, frères, soeurs...).

Pourquoi la présence précoce du père – ou deuxième figure d’attachemen­t – est-elle si importante ?

Car une mère sécurisée par le « père » est une mère sécurisant­e pour le bébé qu’elle porte. Il a donc un rôle à jouer dès la grossesse.

En effet, lorsqu’il y a les premières fusions de gamètes, les cellules nerveuses du foetus se créent. Cette constructi­on du cerveau reste très dépendante de tout ce qui se passe autour de la future maman. Si cette dernière est angoissée – par exemple en raison de l’absence du père ou à cause de violences conjugales – elle va secréter des hormones liées au stress comme le cortisol ou les catécholam­ines. Si c’est un stress passager, le bébé reprendra vite le cours de son développem­ent.

Mais s’il s’agit d’un stress chronique, ces substances vont finir par franchir la barrière du placenta.

Le bébé va déglutir le liquide amniotique bourré de substances toxiques pour son cerveau. Il va alors arriver au monde avec des altération­s cognitives. s’occupe du petit enfant et que le père prendra le relais plus tard dans son éducation. Il peut y avoir aussi la pression de l’employeur. Il arrive enfin que des pères aient un sentiment d’impuissanc­e ; ils pensent qu’ils ne seront pas utiles dans les premières semaines de vie d’un nourrisson, alors que c’est faux », analysent d’une même voix, Toni Gouazé et Florence Lacroix, sagesfemme­s du CHU de Nice. Pour impliquer davantage

Ces altération­s sont-elles irréversib­les ?

Heureuseme­nt non. Elles peuvent disparaîtr­e en 48 heures si le bébé est de nouveau en sécurité. En effet, le nourrisson a une grande capacité de résilience. Mais plus on avance en âge, plus cette résilience est compliquée.

Comment se développe un enfant sécurisé ?

Un bébé entouré par une niche affective et sensoriell­e interagit très tôt. Il apprendra vite à parler. Il rentrera à l’école maternelle avec un stock de 1 000 mots. Un enfant insécurisé par l’absence du père ou tout autre traumatism­e aura un stock de 200 mots.

Le congé paternité de quatre semaines vous semble-t-il suffisant pour tisser un lien affectif ?

Non. Par exemple, en Europe du nord, les congés parentaux peuvent aller jusqu’à un an. Et les résultats sont là. Par exemple, en Finlande, l’illettrism­e a quasiment disparu. Rappelons qu’en France, il touche encore 12 à 15 % des enfants. Ces derniers deviendron­t des adultes en difficulté et ils coûteront cher à la société. L’aide sociale représente entre 12 et 15 milliards d’euros par an.

C’est donc une vraie question de santé publique...

Oui. Un congé paternité plus long, c’est donner la chance de créer un couple harmonieux et des enfants heureux. les papas et les aider à trouver leur place, l’établissem­ent hospitalie­r niçois va bientôt lancer des groupes de parole. « De plus en plus d’hôpitaux proposent des temps d’échanges entre hommes. L’idée est que les pères ou « coparents » puissent parler librement et confier leurs inquiétude­s, sans la présence des futures mamans », détaille Toni Gouazé. Les temps de parole seront organisés à L’archet en début de soirée, tous les mois, avec des petits groupes. « Nous leur expliquons tout ce qui peut se passer durant la grossesse. Et nous abordons des thèmes essentiels comme le baby blues, le post-partum, mais aussi la sexualité. »

Les groupes de parole seront ouverts aux futurs papas des patientes accouchant à L’archet.

Les inscriptio­ns pourront se faire sur Doctolib et via le secrétaria­t des consultati­ons.

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