Quand les cuves des pétroliers devaient migrer dans la plaine de la Brague
Dans les années 1960, l’économie a le vent en poupe et l’or a la couleur du pétrole : noir. Antibes accueille un site de stockage d’hydrocarbures, dans l’anse Saint-roch. C’est la « zone des pétroliers » bien connue des Antibois, aujourd’hui en friche, et sur lesquels rien ne pousse, sauf des projets d’aménagements virtuels. À l’époque, le site a besoin de s’agrandir, la demande étant forte. La Ville, bien sûr, tient à conserver cette industrie, gage de retombées sonnantes et trébuchantes. Mais impossible d’étendre l’activité près du Fort Carré, de vieille ville et du port Vauban. La solution ? Pour la mairie, c’est tout trouvé. Les cuves et toutes les installations qui vont avec doivent être reconstruites dans la plaine de la Brague. Un secteur peu urbanisé. La délocalisation ne passe pas, mais alors pas du tout, auprès des riverains qui rappellent qu’ils existent, eux et leurs maisons, terrains de cultures, etc.
Pourquoi pas aux Semboules ?
Le syndicat des Groules et de la Brague mène une lutte acharnée. Il pointe les dangers de pollution et d’incendie. Il rappelle l’existence à proximité de l’émetteur RTF et du danger qu’une étincelle mette le feu aux poudres et fasse tout exploser. Il pointe la nature du sous-sol de la plaine de la Brague. Sous la croûte solide de deux mètres d’épaisseur, ce ne serait qu’argile et boue. Bref, sous le poids des installations pétrolifères, le sol s’affaisserait. L’affaire s’emballe. Les riverains en appellent au ministre de l’industrie, la presse locale en fait ses choux gras, le maire d’antibes, Pierre Delmas, qui soutient bien sûr le projet, menace de démissionner.
Les opposants, eux, propose de déménager les cuves aux Semboules et aux Croûtons, classés alors en « zone industrielle ». Rien de tout cela ne se fera. Heureusement.