La Fédé dans le viseur
Le ministère des Sports a décidé d’engager une mission d’audit et de contrôle au sein de la FFF après la publication par So Foot d’une enquête embarassante
Adeux mois du Mondial, l’ambiance s’est brusquement tendue à la Fédération française de football (FFF) : le ministère des Sports a décidé hier de lancer un audit en interne après la parution d’une enquête de So Foot évoquant de sérieuses dérives en matière de management. La ministre des Sports Amélie Oudéa-castéra, à l’initiative d’une réunion hier matin avec le président de la FFF Noël Le Graët et sa directrice générale Florence Hardouin, avait prévenu dans une interview au Parisien qu’elle ne les recevrait pas pour «prendre le thé». Les deux dirigeants avaient été officiellement ‘’invités’’au siège du ministère pour aborder différents sujets à deux mois de la Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre). Mais l’objet central semblait bien lié à l’enquête du magazine So Foot parue le 8 septembre, évoquant notamment, sur la foi de témoignages anonymes, l’envoi de SMS à caractère sexuel à des employées de la FFF par le président Noël Le Graët.
Affaire épineuse
Une
invitation
qui
avait donc bien des airs de convocation. L’échange a duré près d’une heure à l’issue de laquelle la ministre a indiqué «qu’elle allait engager une mission de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) d’audit et de contrôle sur le pilotage de la Fédération et le respect des obligations qui s’y attachent», d’après les termes du communiqué. «Noël Le Graët s’est engagé à transmettre à cette mission, dans la plus complète transparence, tous les rapports produits dans la période récente sur la FFF et notamment ceux ayant trait à sa gouvernance et à son management», a ajouté le ministère.
Pour le président de la FFF, cette affaire de SMS à caractère sexuel, si elle est avérée, est épineuse. La «3F», remise sur pied par le dirigeant breton après le cauchemar de la grève des Bleus à Knysna au Mondial2010, et auréolée du sacre planétaire huit ans plus tard à Moscou, pourrait elle aussi en pâtir.
La FFF a bien riposté en portant plainte jeudi pour diffamation contre le mensuel, mais l’affaire risque de «lui coller aux basques pendant longtemps», selon une source proche de la FFF. D’après une source interrogée par So Foot, plusieurs femmes auraient démissionné ces dernières années de l’instance car elles se sentaient «harcelées sexuellement et moralement».
Drôle de climat...
De son côté, le syndicat des joueurs professionnels UNFP a déploré «l’inaction» de la Fédération dans la lutte contre le harcèlement, «sexuel ou pas».
Interrogé sur la situation, Didier Deschamps, le sélectionneur, a reconnu jeudi que le climat actuel de la FFF n’était «pas le plus apaisé».
Les détracteurs de Noël Le Graët évoquent un exercice autoritaire du pouvoir, un désintérêt pour le foot amateur, ce qu’il conteste, ou encore une gouvernance minée par les conflits autour de la clivante Florence Hardouin. Lui n’a pas l’intention de jeter l’éponge :
« Je n’ai pas du tout l’intention d’arrêter », a-t-il affirmé au quotidien L’equipe.