Des maisons à détruire, des vies à reconstruire
Elles sont encore là, inanimées, éventrées, ou simplement condamnées. Dans la Vésubie, mais aussi la Roya, des maisons rappellent aux habitants, chaque jour, la violence de la tempête qui les a frappées. « Ça n’aide pas à évacuer le traumatisme », soupire la Saint-martinoise Aline Viguier Le Griel, présidente de l’association Hervé Gourdel.
Fin 2022, 60 % des habitations vouées à la destruction auront disparu. Les autres devraient être rasées en 2023, explique le préfet Xavier Pelletier. D’ici là, l’état poursuit les délicates procédures d’acquisition des biens jugés inhabitables, car trop exposés au risque, via le fonds Barnier. 317 propriétés y sont éligibles, contre 400 initialement – plus de 80 ont donc pu être sauvées. Il y a eu des oppositions et des inquiétudes. Mais beaucoup ont fait le deuil, comme à l’écureuil, un bâtiment de 26 logements à Saint-martin-vésubie. Sain, mais situé dans le lit de la rivière. Une des copropriétaires, la Mentonnaise Patricia Favier, a mené une fronde pendant plusieurs mois. Finalement, « la procédure a été correcte. L’affect est là, bien sûr, mais on n’a pas été lésés. » Tous ont accepté la procédure Barnier à l’amiable. Ailleurs, quelques habitants refusent encore de quitter leur maison, intacte mais en zone rouge. Le préfet Pelletier prévient : « Nous avons été très, très souples. Mais nous ne laisserons personne exposé aux risques. Les hommes ont plus de valeur que les pierres!»
Certains attendent toujours un relogement pérenne. Sur les 3 500 personnes évacuées après la tempête, 135 ménages avaient fait l’objet d’un relogement provisoire. Ils sont aujourd’hui 43.