Au fil de la Roya : « On va de l’avant »
« Il y a reconstruire, et il y a réinventer. Il faut mener les deux de front. »
À Breil-sur-roya, le maire Sébastien Olharan résume le double défi de l’après-alex. L’accès est redevenu normal, l’école a refait le plein, le lac aussi. « Mais il faut refaire le chapiteau, le camping, le jardin d’enfants, des espaces de stationnement, un stade, une piscine... » Coût estimé ? 20 millions d’euros. Fin espérée ? 2026. Un parcours d’obstacles, entre réglementations et contraintes montagnardes.
Ce défi permanent rythme aussi les journées de Xavier Pelletier. Mercredi dernier, le « préfet vallées » remonte la Roya au fil des chantiers. « On ne s’en tient pas à une reconstruction stricte », insiste-t-il. À Breil, il montre les berges qui accueilleront une promenade avec piste cyclable. « Avec la DDTM, nous avons mobilisé un architecte spécialisé, pour pouvoir repenser ces villages en intégrant le risque. »
« Opération hors norme »
Huit kilomètres et deux ponts provisoires plus haut, Fontan. Un village bâti de part et d’autre de la Roya. Le fleuve a éventré plusieurs bâtiments. « Le fonds Barnier aurait dû permettre de les détruire », explique Xavier Pelletier. Ici, il a été décidé de... reconstruire. Ces bâtiments resteront inhabités, mais seront consolidés et harmonisés, pour protéger les autres et rendre à Fontan son visage d’antan. Coût : environ 500 000 € par bâtiment, financés à 80 % par l’état. « Une opération hors norme ! »
Encore douze kilomètres sur la RD 6204 ressuscitée, et voici Tende. Le préfet Pelletier fait halte au garage Scandola. « Ça va ? » Stéphane Scandola, cogérant, fait la moue : « Ça ira mieux l’an prochain... » La tempête a emporté la cabine de peinture. La nouvelle doit s’installer au rez-de-chaussée de la station-service voisine, mais ça coince. Reste que les aides ont soutenu l’activité, et la vallée. «Çaaénormément avancé. Et il y a eu beaucoup de monde cet été », se félicite Patrick Scandola, l’autre gérant.
Des commerces ont ouvert
Cap sur le village. Sur la gauche, la supérette rouverte en avril 2021 par l’entrepreneuse Nadège Pastorelli. En face, des locaux vides prêts à accueillir la nouvelle pharmacie, petite soeur de celle de Breil. Pendant deux ans, l’état va payer le loyer et le salaire du pharmacien, en vertu du Code de la santé. « Un dispositif unique en France », souligne Xavier Pelletier.
À Tende, plusieurs commerces ont ouvert. À l’image de L’epicerie gourmande, tenue par trois jeunes Niçois. Le fruit de la conjonction de deux crises, Covid et Alex. « On a tous eu envie de changer de vie, et de se sentir utiles à une bonne cause », sourit Jordan Carrodano. L’avenir de la haute Roya reste suspendu à la réouverture de l’accès à Castérino, et surtout à l’italie. Mais Morgan Milano, l’adjoint tendasque aux trajets transfrontaliers, est confiant. « On va de l’avant. On est motivés. D’énormes efforts ont été faits. Il y a encore du boulot dans la vallée ! »