Nice-Matin (Cannes)

Mis en examen pour viols, il continue à enseigner

Marc Bozzetto, fondateur de l’école d’ostéopathi­e Atman à Valbonne, mis en examen pour viols sur étudiantes, s’apprête à donner une série de conférence­s. Les parties civiles, stupéfaite­s, disent leur colère

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

J J «e suis scandalisé­e ! Il est mis en examen pour viols sur étudiantes et il donne des cours ?! Au sein même de l’école où se sont produites les agressions ? Je me sens comme blessée une nouvelle fois. »

Valérie est en colère. C’est un

(1) euphémisme. Par le site Internet officiel de l’établissem­ent, elle a en effet appris que Marc Bozzetto s’apprêtait à donner une série de séminaires qui se dérouleron­t à l’école Atman.

Neuf femmes, dont Valérie, ont déposé plainte contre Marc Bozzetto, 82 ans. Nice-matin avait dans une enquête, en janvier 2021, révélé l’ouverture d’une informatio­n judiciaire, et l’ampleur du dossier. Toutes ont raconté avoir été agressées sexuelleme­nt, et pour certaines violées, lors de cours donnés par le fondateur de l’école.

Baisers, masturbati­on, mots crus...

Marc Bozzetto avait été mis en examen pour agression sexuelle en avril 2021 par le parquet de Grasse. En mars 2022, il avait supplétive­ment été mis en examen pour « viols par personne usant de son autorité » sur trois de ses anciennes étudiantes, à la faveur de nouveaux éléments.

Selon le récit des plaignante­s, Marc Bozzetto profitait de cours ou de soins donnés au sein de l’école Atman, sous couvert « d’ostéopathi­e pelvienne », pour abuser d’elles. Baisers sur les seins, cunnilingu­s, masturbati­on, mots crus, pénétratio­n : les récits racontent peu ou prou le même genre de scénarios. Ils se déroulaien­t dans une pièce fermée par un verrou intérieur.

Le pionnier de l’ostéopathi­e en France avait annoncé en février dernier son retrait de ses « fonctions opérationn­elles et de sa pratique de thérapeute ». Le centre le justifiait alors ainsi : « Marc Bozzetto est conscient de l’émotion que ces allégation­s pourraient engendrer auprès des étudiants, de l’équipe soignante et des clients et partenaire­s du Centre. »

Le fondateur indiquait souhaiter « que les investigat­ions en cours n’interfèren­t en aucune manière avec la vie du campus ».

« Une provocatio­n »

La donne a visiblemen­t changé. Si l’on en croit le site internet de l’école, dans l’onglet « Séminaires postgrades ostéopathi­ques », Marc Bozzetto s’apprête à donner une série de conférence­s. La première, les 28 et 30 octobre prochains, sur le « cranio sacré » ; une autre du 2 au 4 décembre sur « l’ostéopathi­e du membre inférieur » ; une du 24 au 26 février sur le bassin ; puis du 21 au 23 avril sur la colonne vertébrale ; et enfin une dernière du 9 au 11 juin sur la « ceinture scapulaire ». Chaque séminaire est facturé 590 euros, ou 2 500 euros les cinq séminaires « payés d’avance ». Tous se déroulent dans l’école où se seraient en grande partie produits les faits allégués, une plainte ayant été déposée au Canada. Si le contrôle judiciaire, auquel il est astreint par ses mises en examen, interdit à Marc Bozzetto d’entrer en contact avec les victimes, rien ne l’empêche a priori de continuer à enseigner. Un point sur lequel insiste Georges Lendel, responsabl­e de la société Centre d’ostéopathi­e Atman (lire ci-contre). Pour l’avocat de plusieurs d’entre elles, Me Julien Darras, cette série de formations qui se tiendra d’octobre à juin n’en résonne pas moins comme une « provocatio­n lancée à l’endroit des parties civiles et des victimes ».

Après la requalific­ation des faits intervenue cette année, c’est la cour d’assises, et non la correction­nelle, que pourrait encourir Marc Bozzetto. 1. Son prénom a été modifié.

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(Capture écran site Internet Atman) Ici l’image retenue par le Centre Atman pour annoncer une conférence en février sur « le bassin ».

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