Nice-Matin (Cannes)

Habillés pour l’hiver

- D’ERIC NERI Rédacteur en chef edito@nicematin.fr

Nos ministres étaient déjà habillés pour l’hiver par des opposants qui n’ont pas froid aux yeux depuis les législativ­es. Les voici désormais chaudement vêtus, sobriété énergétiqu­e oblige, prêts à donner l’exemple au bon peuple frileux. « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées », pour reprendre un slogan des années Giscard. Bruno Le Maire a tiré le premier la couverture à lui cette semaine. Le ministre de l’economie portera cet hiver des pulls à col roulé (sauf les pulls Marine) plutôt que des chemises-cravates. Dans son ministère, comme dans les autres bâtiments publics, la températur­e ne devra pas dépasser 19 degrés. On croyait pourtant que c’était déjà la norme en France depuis les chocs pétroliers des années 70 et « la chasse au gaspi ». Dans les grands bureaux et les longs couloirs de Bercy, il sera même recommandé de garder sa veste. Le maître des lieux y est habitué. Il avait déjà pris une veste en novembre 2016 en réalisant un score de 2,5 % à la primaire de la droite avec un slogan de campagne, « le renouveau, c’est Bruno », qui n’avait pas réchauffé l’atmosphère. Et il l’a retournée un an plus tard lorsqu’il a rejoint Emmanuel Macron juste après son accession à l’elysée. Fera-t-il une exception lorsqu’il siégera sur le banc des ministres au Palais-bourbon ? Eric Ciotti avait demandé cet été à la présidente de l’assemblée nationale de rendre le port de la cravate obligatoir­e (pour les hommes), critiquant les tenues «de plus en plus relâchées » de certains députés notamment de la Nupes. Yaël Braun-pivet n’avait pas donné suite à la requête de l’élu azuréen, estimant qu’elle n’était « pas là pour exercer la police vestimenta­ire ». Le règlement prévoit que la tenue des parlementa­ires « doit rester neutre et s’apparenter à une tenue de ville ». Feu vert donc pour le pull-over. Et les femmes dans tout ça ? La Première ministre Élisabeth Borne n’a pas voulu se faire distancer dans cette course aux bonnes intentions vestimenta­ires. Elle a participé à une réunion à Matignon vêtue d’une doudoune. Pas un bon gros anorak version Les Bronzés font du ski, mais un vêtement de ville des plus seyant. Elle ne pourra hélas pas compléter sa garde-robe hivernale chez Camaïeu. Dès ce soir, cinq cents boutiques mettront la clé sous la porte, provoquant le licencieme­nt de 2 600 employés. Un vrai coup de froid pour le prêt-àporter

« “On n’a pas de pétrole mais on a des idées”, pour reprendre un slogan des années Giscard. »

français, victime de l’impitoyabl­e concurrenc­e entre les grandes enseignes de la « fast fashion ». Face aux géants étrangers comme H&M ou Zara, nos industriel­s filent du mauvais coton. La crise est annoncée également pour les fabricants de voiles islamiques en Iran. Depuis la mort d’une jeune femme à Téhéran, trois jours après avoir été placée en garde à vue à cause d’un voile « mal porté », des manifestat­ions secouent le pays contre le port du tchador. Au même moment en France, une enseignant­e a été menacée pour avoir demandé à une élève d’enlever son voile. Faut-il donc continuer à se voiler la face ?

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