Grotte des Résistants
UNE HISTOIRE DOULOUREUSE
Cette cavité a marqué les grands traits de la Résistance de Vins-sur-carami. Elle illustre les mouvements de résistance qui, dès 1942, maillent l’ensemble du département du Var.
Bien que l’histoire défensive de cette grotte soit assez récente et qu’elle ait été très brève, le lieu n’en fut pas moins le théâtre de l’un des douloureux épisodes de la Résistance. Cette page d’histoire, restée gravée dans la mémoire des Vinsois et des Vinsoises, est attestée dans un rapport non daté, conservé par la mairie de Vins et écrit par un professeur d’histoire et un ancien mineur et résistant. « En 1942, la résistance s’organisa à Brignoles et dans les villages avoisinants. En juin 1943, un certain Marceau Arnaud formait une équipe à Vins et balisait un terrain de parachutage aux plaines de Vins, homologué sous le nom de Vermicel. » Son groupe comptait dix-huit membres.
Héroïsme et douleurs de la Seconde Guerre mondiale
Le 28 mai 1944, quinze conteneurs contenant du matériel (armes, explosifs, équipements divers) destiné à la Résistance étaient parachutés sur le terrain Vermicel. « Nous les avons alors transportés à dos d’homme ou traînés sur 600 mètres afin de les cacher dans une grotte appelée à l’époque grotte de Savoye ou grotte de Savoio », reprend le récit. Et, lorsque le 8 juin 1944, la BBC annonce l’imminence du débarquement, une piste d’un kilomètre de long est dégagée de nuit sur ledit terrain pour recevoir planeurs et parachutistes. Malgré les précautions prises, les Allemands et collabo français ont appris l’existence de ces parachutages. Dénonciation, indiscrétion, vantardises d’après-boire, nul ne le sait. Toujours est-il que le 27 juillet 1944, Jean Mozzone, ses deux fils Eugène et Louis, ainsi que Théodore Linari, sont arrêtés par les Allemands (lire encadré). À ce momentlà, la Résistance pense à une dénonciation à cause de divergences politiques, car les quatre hommes étaient communistes, comme le rappellent la faucille et le marteau gravés sur la stèle de la grotte. En cette fin d’occupation où ils enregistrent de nombreux revers, les Allemands se montrent nerveux et brutaux. La scène n’eut pas de témoins, nul ne peut dire ce qui se passa exactement, seuls furent entendus les coups de feu qui abattirent les quatre maquisards. Leurs corps furent découverts plus tard par d’autres Résistants.
Moins de vingt jours après, la région était délivrée. La tragédie de la grotte avait suscité une très forte émotion dans la population. Elle s’est traduite par des mots d’indignation et des appels de vengeance gravés sur la pierre. En effet, des stèles ont été érigées à la mémoire des héros et de leurs actions.
Une grotte assez banale
La grotte de moins de 56 m² n’a rien d’exceptionnel. Pourtant, avec son mélange de galeries, salles et puits, son exploration ne manque pas d’intérêt. Les parties verticales nécessitent cependant aux explorateurs un minimum d’expérience souterraine. Dès son orifice, la cavité commence par une galerie en forte pente aboutissant, au bout d’une quarantaine de mètres, à deux petites salles.
C’est dans la deuxième de ces petites salles qu’avaient été cachées les armes. Dans la première salle, un petit trou au sol mène à la suite de la cavité qui, ici, abandonne son profil de grotte pour prendre celui d’un gouffre. Il y a plusieurs verticales, dont un puits de 16 mètres. On y trouve une grande salle labyrinthique et très boueuse. Bien que connue, la cavité n’est pas mentionnée sur les cartes. Mais Vins-sur-caramy n’en finit pas d’offrir de belles histoires, il se dit que des ovnis y ont été observés le 14 avril 1957...
Source : Journal d’hommages : stèles, monuments, Résistance dans le Var et en Provence.
Malgré les précautions prises, les Allemands et collabo français ont appris l’existence de ces parachutages