« Lorsque nous aurons gagné la guerre, ils devront rendre des comptes »

Comme le président Volodymyr Zelensky (voir par ailleurs), Iryna Bourdelles préfère garder pour elle ce qu’elle pense « à titre personnel » de ces riches Ukrainiens qui ont trouvé un refuge doré à Monaco ou à Saint-jean-cap-ferrat. « Mais, en tant que présidente de l’association francoukrainienne de la Côte d’azur (Afuca) qui, depuis le premier jour de la guerre, s’est mobilisée et qui est aujourd’hui largement connue et reconnue pour les actions qu’elle mène, ajoute-t-elle, je peux vous dire que nous n’avons été contactés par aucune de ces personnes. Alors que nous multiplions les collectes, que nous tentons de réunir 5 000 euros, non sans difficulté, pour acheter une ambulance et l’envoyer en Ukraine... Aucune de ces personnes fortunées n’est venue nous proposer son aide financière. Aucune n’a même jamais participé aux rassemblements de soutien ou aux manifestations caritatives que nous organisons régulièrement. »

Élus d’opposition

« Peut-être qu’à défaut de participer aux actions militaires en Ukraine, ils mènent et financent leurs propres projets d’aide depuis la Côte-d’azur », souffle, sans trop y croire, la présidente de l’afuca qui souligne qu’une grande partie des 84 oligarques en exil du « bataillon Monaco » sont en fait des élus du parti d’opposition pro-russe. Pour Iryna Bourdelles, « ils sont en grande partie responsables de cette guerre. Mais lorsqu’ils ont fait leurs valises, ce n’était pas pour aller à Moscou. Ils ont préféré la France et la Côte d’azur ».

Pas une priorité

Néanmoins, faire la chasse aux présumés « traîtres », n’est pas la priorité. « Aujourd’hui, il y a la guerre, et le gouvernement a sans doute d’autres choses à faire. Mais nous allons la gagner cette guerre, et à ce moment-là, il faudra rendre des comptes. La justice fera alors son travail. Il faudra aussi finir de débarrasser l’ukraine de la corruption, avance-t-elle avec lucidité. Cette guerre va changer la donne et certaines choses qui étaient tolérées jusque-là en Ukraine ne pourront plus l’être. » En attendant, les efforts de l’afuca se concentrent sur l’accueil de réfugiés bien plus modestes, qui ont parfois tout perdu dans les bombardements. « Il continue d’arriver une dizaine de nouveaux réfugiés chaque semaine », rappelle Iryna Bourdelles.