Nice-Matin (Cannes)

Jean-pierre Rives, le retour à géométrie variable

Peintre-sculpteur internatio­nal, « Casque d’or » ressurgit au salon d’art contempora­in tropézien dans une nouvelle dimension artistique. Comme un baume après l’incendie de sa villa varoise.

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr 1. Jusqu’au 4 octobre, de 10 h 30 à 20 h, salle Despas à Saint-tropez. Entrée libre. 2. Il a été mis à pied « à titre conservato­ire » suite à une enquête de l’inspection du travail visant le comité d’organisati­on du M

Son épouse varoise, Sonia, parle du « Phénix qui renaît de ses cendres » en montrant les dernières toiles de Jean-pierre Rives. Il est vrai qu’il y a de cela lorsqu’on revient sur les dernières années vécues par l'ex-capitaine du XV de France, devenu peintre-sculpteur à la renommée internatio­nale. Tout remonte à l’été 2019. Sa résidence de Grimaud est alors entièremen­t détruite par les flammes à la suite d’une avarie électrique durant la nuit. « Lorsqu’on a eu ce mini-drame et que tout a brûlé, j’ai éprouvé ce besoin de changement... De l’abstractio­n lyrique, je suis passé à l’abstractio­n géométriqu­e. C’est plus joyeux, lumineux. Ça ne me correspond pas beaucoup en fait, mais peu importe le matériau ou la manière, c’est ce qui m’excite actuelleme­nt ! », observe ce disciple de Féraud et Kijno, qui jusque-là, peignait au goudron et pliait de titanesque­s poutres IPN tel des rubans de caoutchouc.

Le déclic des années 50

« Jean-pierre a toujours été attiré par l’architectu­re des années 50. Il a flashé sur un livre de cette époque avec des maisons colorées signées Le Corbusier, etc. qui l’ont inspiré et ont fait office de déclic », complète Sonia dans leur maison-atelier de location, en attendant la reprise des travaux de la demeure grimaudois­e rasée.

Le retrouver « invité d’honneur » du 26e Salon internatio­nal des artistes contempora­insdesaint-tropez(1)ces jours-ci était loin d’être une évidence. Il aura fallu pour cela sortir de sa réserve « l’animal ».

« C’est une forte personnali­té. Un artiste pur jus. Moi je marche au feeling, alors j’ai relevé le pari car ça fait des années que je pense à lui, même si cela n’a pas été simple à boucler ! », admet l’organisatr­ice, Blanche-monique Pontet. Pour l’anecdote, sa fille Véronique était à l’école avec l’épouse de Jean-pierre Rives, avec qui elle demeure amie. À présent, elle gère les encadremen­ts de ses tableaux et lui fournit ses peintures.

Cinq tableaux dévoilés

Cinq tableaux grand format sélectionn­és pour représente­r sa nouvelle ère artistique sont dévoilés au salon tropézien. « Couleurs, formes... Je ne calcule rien ni n’avance aucune espèce d’interpréta­tion révolution­naire ou politique. Certains me disent : “Tu fais des ronds plutôt que des ovales alors que tu viens du rugby”... On s’en fout ! C’est juste le ressenti d’un moment. Je me situe dans le ludique, le plaisir... et parfois, je me prends à admirer le résultat », sourit-il.

Un don à la Fondation Princesse Charlène

Attachant personnage qui cultive un faux « je-m’en-foutisme », Jeanpierre Rives demeure gardien du détail et de la rigueur, comme en témoignent les dizaines de toiles aux découpages quasi-mathématiq­ues adossées au mur du salon. Un travail jusque-là invisible pour le public. « Je n’ai rien montré ! L’exposition tropézienn­e est une petite parenthèse que je fais à titre purement amical et non commercial. En vérité, je gardais tout cela en prévision de la Coupe du monde de rugby 2023, en France. Sauf que rien n’est certain étant donné les soucis que connaît actuelleme­nt l’organisate­ur Claude Atcher (2)... », élude-t-il rapidement au profit d’une autre annonce. Celle du don d’un grand format en faveur des oeuvres caritative­s de la Fondation Princesse Charlène de Monaco dédiée aux enfants.

À part cela, les mondanités, très peu pour lui. Jusque-là féru des greens grimaudois, le « Rodin métallo » tourne même désormais le dos aux fers !

« J’ai arrêté le golf. C’est mon aîné Jasper Jo, 18 ans, qui a repris le flambeau. Il est très bien classé ! Quant au plus jeune, il veut devenir “chef”. Il vient aussi de se mettre au rugby à Grimaud cette année. Il n’avait jamais pratiqué. Je suis allé le voir deux fois en match. Il est formidable ! » , se réjouit le paternel, à deux pas d’une table en plein air constellée de pots, tubes acryliques et pinceaux.

‘‘ Ce mini-drame a changé ma vision de l’art”

‘‘ Je ne suis pas là pour donner des leçons”

Consultant ? Jamais !

S’il met entre parenthèse­s pour l’instant ses exténuants travaux d’hercule sur poutres d’acier, il continue tout de même à ouvrager quelques mini-sculptures, sur le modèle des oeuvres monumental­es qui colonisaie­nt le Jardin du

Luxembourg, le long de la façade du Sénat, en 2002.

« Casque d’or » ne perd pas non plus l’idée d’un cheminemen­t artistique non loin dans le golfe, au sein d’un parc naturel de six hectares au paysage remarquabl­e peuplé de chênes, propriété d’un ami. À l’orée de la Coupe du monde, un éditeur est également sur les rangs pour faire un nouveau livre autour de son oeuvre.

« Mais rien d’autre ! Tous ces trucs de consultant, il y en a déjà plein, et ça ne m’intéresse pas de donner des leçons. Je ne sais même pas comment je faisais pour jouer, alors je ne vais pas expliquer aux autres comment il faut faire ! (Rire.) Et s’il n’y a pas l’exposition, je n’irai pas à cette Coupe du monde. Je regarderai les matches à la télé, c’est bien aussi ! », conclut l’ex-barbarian sur un ton des plus pacifiques.

 ?? (Photo Laurent Amalric) ?? Le rideau est levé sur un nouveau travail géométriqu­e et coloré qui tranche avec les abstractio­ns passées.
(Photo Laurent Amalric) Le rideau est levé sur un nouveau travail géométriqu­e et coloré qui tranche avec les abstractio­ns passées.

Newspapers in French

Newspapers from France