Jean-pierre Rives, le retour à géométrie variable
Peintre-sculpteur international, « Casque d’or » ressurgit au salon d’art contemporain tropézien dans une nouvelle dimension artistique. Comme un baume après l’incendie de sa villa varoise.
Son épouse varoise, Sonia, parle du « Phénix qui renaît de ses cendres » en montrant les dernières toiles de Jean-pierre Rives. Il est vrai qu’il y a de cela lorsqu’on revient sur les dernières années vécues par l'ex-capitaine du XV de France, devenu peintre-sculpteur à la renommée internationale. Tout remonte à l’été 2019. Sa résidence de Grimaud est alors entièrement détruite par les flammes à la suite d’une avarie électrique durant la nuit. « Lorsqu’on a eu ce mini-drame et que tout a brûlé, j’ai éprouvé ce besoin de changement... De l’abstraction lyrique, je suis passé à l’abstraction géométrique. C’est plus joyeux, lumineux. Ça ne me correspond pas beaucoup en fait, mais peu importe le matériau ou la manière, c’est ce qui m’excite actuellement ! », observe ce disciple de Féraud et Kijno, qui jusque-là, peignait au goudron et pliait de titanesques poutres IPN tel des rubans de caoutchouc.
Le déclic des années 50
« Jean-pierre a toujours été attiré par l’architecture des années 50. Il a flashé sur un livre de cette époque avec des maisons colorées signées Le Corbusier, etc. qui l’ont inspiré et ont fait office de déclic », complète Sonia dans leur maison-atelier de location, en attendant la reprise des travaux de la demeure grimaudoise rasée.
Le retrouver « invité d’honneur » du 26e Salon international des artistes contemporainsdesaint-tropez(1)ces jours-ci était loin d’être une évidence. Il aura fallu pour cela sortir de sa réserve « l’animal ».
« C’est une forte personnalité. Un artiste pur jus. Moi je marche au feeling, alors j’ai relevé le pari car ça fait des années que je pense à lui, même si cela n’a pas été simple à boucler ! », admet l’organisatrice, Blanche-monique Pontet. Pour l’anecdote, sa fille Véronique était à l’école avec l’épouse de Jean-pierre Rives, avec qui elle demeure amie. À présent, elle gère les encadrements de ses tableaux et lui fournit ses peintures.
Cinq tableaux dévoilés
Cinq tableaux grand format sélectionnés pour représenter sa nouvelle ère artistique sont dévoilés au salon tropézien. « Couleurs, formes... Je ne calcule rien ni n’avance aucune espèce d’interprétation révolutionnaire ou politique. Certains me disent : “Tu fais des ronds plutôt que des ovales alors que tu viens du rugby”... On s’en fout ! C’est juste le ressenti d’un moment. Je me situe dans le ludique, le plaisir... et parfois, je me prends à admirer le résultat », sourit-il.
Un don à la Fondation Princesse Charlène
Attachant personnage qui cultive un faux « je-m’en-foutisme », Jeanpierre Rives demeure gardien du détail et de la rigueur, comme en témoignent les dizaines de toiles aux découpages quasi-mathématiques adossées au mur du salon. Un travail jusque-là invisible pour le public. « Je n’ai rien montré ! L’exposition tropézienne est une petite parenthèse que je fais à titre purement amical et non commercial. En vérité, je gardais tout cela en prévision de la Coupe du monde de rugby 2023, en France. Sauf que rien n’est certain étant donné les soucis que connaît actuellement l’organisateur Claude Atcher (2)... », élude-t-il rapidement au profit d’une autre annonce. Celle du don d’un grand format en faveur des oeuvres caritatives de la Fondation Princesse Charlène de Monaco dédiée aux enfants.
À part cela, les mondanités, très peu pour lui. Jusque-là féru des greens grimaudois, le « Rodin métallo » tourne même désormais le dos aux fers !
« J’ai arrêté le golf. C’est mon aîné Jasper Jo, 18 ans, qui a repris le flambeau. Il est très bien classé ! Quant au plus jeune, il veut devenir “chef”. Il vient aussi de se mettre au rugby à Grimaud cette année. Il n’avait jamais pratiqué. Je suis allé le voir deux fois en match. Il est formidable ! » , se réjouit le paternel, à deux pas d’une table en plein air constellée de pots, tubes acryliques et pinceaux.
‘‘ Ce mini-drame a changé ma vision de l’art”
‘‘ Je ne suis pas là pour donner des leçons”
Consultant ? Jamais !
S’il met entre parenthèses pour l’instant ses exténuants travaux d’hercule sur poutres d’acier, il continue tout de même à ouvrager quelques mini-sculptures, sur le modèle des oeuvres monumentales qui colonisaient le Jardin du
Luxembourg, le long de la façade du Sénat, en 2002.
« Casque d’or » ne perd pas non plus l’idée d’un cheminement artistique non loin dans le golfe, au sein d’un parc naturel de six hectares au paysage remarquable peuplé de chênes, propriété d’un ami. À l’orée de la Coupe du monde, un éditeur est également sur les rangs pour faire un nouveau livre autour de son oeuvre.
« Mais rien d’autre ! Tous ces trucs de consultant, il y en a déjà plein, et ça ne m’intéresse pas de donner des leçons. Je ne sais même pas comment je faisais pour jouer, alors je ne vais pas expliquer aux autres comment il faut faire ! (Rire.) Et s’il n’y a pas l’exposition, je n’irai pas à cette Coupe du monde. Je regarderai les matches à la télé, c’est bien aussi ! », conclut l’ex-barbarian sur un ton des plus pacifiques.