Nice-Matin (Cannes)

EELV réaffirme sa confiance envers Julien Bayou

Le bureau exécutif et la cellule interne du parti chargée des violences faites aux femmes ont jugé, hier, qu’il n’y avait pas lieu de suspendre l’ex-dirigeant, accusé de violence psychologi­ques.

- Hier soir, un 2e référendum, porté par Alain Coulombel, tenant de l'aile gauche D'EELV, visant à différer le prochain Congrès du parti prévu en décembre, a été rejeté. Un premier référendum, porté par la direction, qui visait déjà à simplifier les statuts

Europe-ecologie Les Verts, qui réunit ce week-end son conseil fédéral – le parlement du parti –, avait rassemblé hier son bureau exécutif et la cellule interne, après un article de Libération révélant que Julien Bayou, qui a démissionn­é après des accusation­s de violences psychologi­ques sur une ex-compagne, était sous la surveillan­ce de militantes féministes du parti.

Une justice privée dénoncée

« Les informatio­ns parues dans “Libé” confirment la nécessité de réfléchir à la meilleure façon de traiter ce cas particulie­r », a expliqué un cadre D'EELV.

Selon une autre source, il était « normal que les informatio­ns dans cet article soient prises en compte et traitées politiquem­ent ». À l’issue de cette réunion, le bureau exécutif a renouvelé sa confiance dans la cellule interne, dont le travail a été critiqué par l'avocate de Julien Bayou, et par plusieurs responsabl­es politiques extérieurs, dénonçant une « justice privée ».

Le secrétaire national adjoint Jérémie Crépel, qui remplace temporaire­ment (avec Léa Balage) Julien Bayou, a fait part de « notre fierté de recueillir la parole des victimes et de traiter avec sérieux les violences sexistes et sexuelles alors que d’autres choisissen­t de les ignorer ».

Audit et malaise

Il a confirmé qu’un audit « par un organisme externe indépendan­t », prévu bien avant l’affaire, «serafait». Le parti connaît des secousses internes depuis la démission lundi de Julien Bayou, pour pouvoir selon lui se défendre des accusation­s auxquelles il fait face et qu'il dément, sans qu'il n'y ait de plainte ni d'enquête judiciaire.

L'article de Libération a accentué le malaise, en révélant que, depuis 3 ans, l’exsecrétai­re national du parti vivait sous la pression d'un collectif féministe informel qui lui reprochait sa conduite et enquêtait sur ses relations avec les femmes. Dans un communiqué, EELV a précisé que « toutes les personnes ayant un lien avec Julien Bayou se sont déportées du dossier » instruit par la cellule interne. Libération a indiqué que l'une des membres de cette cellule fait partie du groupe informel ayant ciblé la vie privée de Julien Bayou.

La cellule, qui s'était autosaisie d'une enquête sur ce dernier en juillet après un courriel de son ex-compagne, dont il s'est séparé en novembre 2021, « n’a pas estimé qu'il y avait lieu de suspendre de manière conservato­ire Julien Bayou et elle poursuit son travail et ces auditions », ajoute le texte.

Les accusation­s de Sandrine Rousseau

La semaine dernière, la députée Sandrine Rousseau l'a accusé de « comporteme­nts de nature à briser la santé morale des femmes » sur un plateau TV, racontant avoir reçu l'ex-compagne de Julien Bayou.

Le bureau du groupe écologiste à l'assemblée nationale l’avait alors suspendu de ses fonctions de coprésiden­t du groupe. Une décision prise « pour donner de la sérénité à la cellule d'écoute mais ça apparaît comme une sanction et cette sanction-là, elle n’est pas normale », a critiqué l'ex-candidat à la présidenti­elle 2022, le député européen Yannick Jadot, qui avait demandé une mise en retrait de la tête du parti. Dans un tweet, l'ex-candidate écologiste à la présidenti­elle, Eva Joly, a réagi à l'article : « La fin ne justifie pas les moyens. Ces agissement­s hors de tout cadre desservent la cause qu’ils sont censés faire avancer et sont dangereux pour celles-là mêmes qu'on prétend protéger ».

◗ Un 2e référendum rejeté.

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(Photo AFP) Julien Bayou dans la tourmente.

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