Nice-Matin (Cannes)

Les golfeurs, des privilégié­s peu soucieux de l’écologie ?

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Les clichés ont la vie dure. Surtout quand ils sont servis par des chiffres de l’insee. Selon l’institut national de la statistiqu­e et des études économique­s, le golfeur type est un homme de 48 ans qui appartient à une catégorie socioprofe­ssionnelle supérieure.

Pourtant, à peine passée l’entrée du practice de Loustau à La Garde, près de Toulon, le cliché vole en éclat : comme 39 % des pratiquant­s, plusieurs des golfeurs qui s’exercent au swing ce matin-là sont… des golfeuses !

Odile, prof d’anglais retraitée, a beau fréquenter la structure varoise depuis 10 ans, la polémique de cet été l’a fait douter de sa pratique. « Des amis me disaient que c’était inadmissib­le qu’on arrose les golfs en période de sécheresse. » Alors, cette

Hyéroise s’est renseignée sur l’utilisatio­n de l’eau, les restrictio­ns, les solutions mises en oeuvre pour économiser la ressource. « Ça m’a rassurée ! Je comprends qu’on puisse s’interroger, mais on peut aussi aller chercher des réponses, non ? »

« Toutes sortes de personnes se mettent au golf ! »

C’est aussi en s’informant que Véronique, femme au foyer toulonnais­e, a démarré. « Lorsque mon mari m’a offert une initiation, il y a six ans, ça ne me plaisait pas du tout : je trouvais que c’était anti-écolo. » C’est Martin Bidegain, le patron du Loustau et professeur de golf réputé qui l’a convaincue que le golf pouvait être respectueu­x et pas snob. D’ailleurs, à Loustau, on est loin de l’ambiance guindée dont on affuble généraleme­nt le golf. Les tarifs qui y sont pratiqués et l’ambiance familiale qui y règne y sont sûrement pour beaucoup. Mais les golfeurs qui le fréquenten­t ont aussi leurs habitudes dans les grands parcours varois et alentours. Bien sûr, souligne Véronique, « sur les parkings de certains golfs, il y a beaucoup de belles voitures ». Et bien sûr, note à son tour Odile, « il y a des golfeurs qui promènent leurs clubs ». Qui paradent. Pas la majorité toutefois. « Toutes sortes de personnes se mettent au golf ! »

Une « lutte des classes déguisée » ?

En fait, « les gens veulent s’amuser », reprend la Toulonnais­e, amoureuse de son sport. Elle raconte : « Cet été, j’ai joué dans un golf à Cahors. Il était tout desséché, il n’y avait plus d’eau dans les lacs : je m’en fichais ! » Elle et son amie Marianne comprennen­t bien les enjeux.

C’est aussi ce que dit Patrice, le pizzaïolo revestois. « La crise climatique, on la voit tous », lâche-t-il. Pour lui cependant, l’opprobre jeté sur le golf et ses pratiquant­s tient plus d’une « lutte des classes déguisée ». Et puis, interroge-t-il, « les gens qui ont pointé les golfs et leur consommati­on d’eau sont-ils allés voir sur les terrains ? ». Lui, assure Patrice, n’a «jamais vu autant de biodiversi­té ». Alors oui, dit-il, « il se passe quelque chose et je n’ai jamais eu aussi chaud devant mon four à pizza, mais est-ce que ça veut dire qu’il faut interdire les piscines, qu’il faut fermer les patinoires, les golfs ? ». Corrosif, il lâche : « Peut-être que la solution, c’est de tout arrêter ? »

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(Photo Valérie Le Parc) Odile, ex-professeur­e d’anglais, s’est mise au golf une fois retraitée.

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