Importations de drogue : 15 ans de prison pour le baron mentonnais en fuite
L’ombre d’abdelkader Zemouli, un baron mentonnais de la drogue, a plané tout au long du procès qui s’est tenu cette semaine à Nice en correctionnelle. Déjà condamné à huit ans de prison pour trafic, l’individu, quand il s’est su surveillé par la police judiciaire, a fui à l’étranger, vraisemblablement au Maroc. La procureure Delphine Dumas avait requis contre lui seize ans de prison et souhaitait que les protagonistes, libérés au cours de l’instruction, retournent en détention. Le tribunal, présidé par Alain Chemama, s’est montré plus clément à l’issue de cinq jours de débats.
150 000 euros d’amende
Contre le supposé chef du réseau d’importation, une peine de quinze ans a été prononcée ainsi que 150 000 euros d’amende. Les biens saisis, notamment les milliers d’euros sur des comptes français et italiens, ont été confisqués. « Zem » est également interdit de séjour pendant cinq ans dans les Alpes-maritimes et un mandat d’arrêt a été lancé contre lui.
Zohair Belmiloud, au très lourd passé judiciaire, défendu par Me Vazzana, a reconnu avoir convoyé à plusieurs reprises de la drogue depuis l’espagne et les Pays-bas. Une peine de six ans a été prononcée contre lui alors que neuf années avaient été requises. Il reste emprisonné, tout comme Thomas Begna. Ce dernier, relaxé pour le trafic de stupéfiants, à la satisfaction de son conseil Me Seguin, est néanmoins coupable de non-justification de ressources et condamné à trois ans de prison. Un seul des prévenus, Yazid Benadir, qui comparaissait libre, a été menotté à la barre et envoyé pour trois ans en détention. Les autres sont condamnés à des peines aménageables, souvent à effectuer sous surveillance électronique à domicile, ce qui leur permet de garder leur emploi. Certains, prévoyants, étaient venus ce vendredi avec leur valise, prêts à repartir à la maison d’arrêt. Ils ont poussé des oufs de soulagement et leurs avocats (Mes Guittard, Vallier, Sollacaro et Krid) également. Un des prévenus, défendu par Me David-andré Darmon, a été relaxé.
Au moins huit « go fast »
La plupart des personnes poursuivies, petites mains attirées par l’appât du gain, avaient été recrutées pour participer ponctuellement à des convois entre l’espagne et les Alpes-maritimes moyennant 2 000 à 3 000 euros. Un retraité à la santé précaire avait été surpris avec 168 kg dans son coffre. Me Boano a convaincu le tribunal de ne pas le renvoyer derrière les barreaux malgré l’impressionnante quantité importée. Au total, la brigade des stups de Nice avait mis la main sur 374 kg mais au moins huit « go fast »
(1) ont été organisés en 2019 et 2020. Les sanctions prononcées ne sont pas définitives. Les prévenus mais aussi le parquet disposent de dix jours pour faire appel.