La gauche s’embourbe
La cause des femmes est certes une grande cause. Elle vaut évidemment que les féminicides soient sévèrement – et dans un laps de temps assez court – condamnés. Elle vaut que les violences sexuelles ou physiques contre elles soient réprimées. Elle vaut surtout que les hommes politiques qui rudoient leurs compagnes ou leurs épouses répondent au plus vite de leurs actes devant la justice. Surtout quand, publiquement, ils affirment, la main sur le coeur, vouloir défendre l’égalité des salaires, l’alignement total des droits entre les deux sexes. Pris la main dans le sac, on comprend que le député LFI Adrien Quattenens, sans attendre l’enquête ouverte par le parquet de Lille, ne puisse faire autrement que de se mettre en retrait. Que la justice soit trop lente, qu’elle mette des années pour juger des actes inadmissibles, des comportements intolérables, des meurtres même, c’est vrai, et c’est insupportable. Il faut que cela change, et vite.
Faut-il pour autant se livrer, comme l’ont fait une poignée de femmes s’improvisant détectives, à une surveillance acharnée des hommes considérés comme suspects parce qu’ils sont des hommes ? Faut-il les condamner publiquement, comme on l’a fait pour le n° 1 des Verts, Julien Bayou, sans même l’entendre ? C’est une autre affaire. Et que, comme Sandrine Rousseau, on veuille se saisir de ces accusations pour mettre en difficulté ses concurrents politiques, c’est desservir la cause des femmes et non pas la défendre.
On reste pour autant stupéfait qu’aujourd’hui, alors que chaque jour, la montée des périls franchit un nouveau cap, que le danger d’une guerre, éventuellement nucléaire, se fait de plus en plus menaçant, la gauche française, la fameuse Nupes surtout, s’embourbe dans une autre guerre, celle des sexes. N’ont-ils rien à dire, Quattenens, Bayou, Sandrine Rousseau, Jean-luc Mélenchonn - luimême - sur Vladimir Poutine, parti dans une sorte de croisade religieuse contre l’occident ? Sur l’otan qui mène le jeu, sur l’europe, dont l’unité tient presque du miracle quand on voit la Hongrie, par exemple, manifester sa proximité avec la Russie ? N’ont-ils rien à dire sur l’éventuelle arrivée à la présidence du Conseil italien de Giorgia Meloni, qui a bâti sa campagne électorale sur l’immigration et l’insécurité, et a obtenu un score inespéré ?
On les entendra peutêtre dans la rue lorsqu’il sera question, à l’assemblée nationale, des retraites. Ou lorsque l’inflation, issue d’un conflit qui se mondialise, sera au plus haut. Pour l’instant, leur silence fait un bruit terrible, celui du vide.
« On reste stupéfait qu’aujourd’hui, alors que le danger d’une guerre nucléaire se fait de plus en plus menaçant, la gauche française s’embourbe dans une autre guerre, celle des sexes »