Nice-Matin (Cannes)

Pourquoi Hajer, l’ex-femme de Mohamed Lahouaiej-bouhlel, ne viendra finalement pas témoigner à la barre

- S. G.

Elle a vécu des années avec le terroriste de Nice qu’elle avait épousé en 2006, en Tunisie, lui a donné trois enfants, dont le petit dernier qui n’avait pas encore un an au moment de l’attentat. C’est aussi sa cousine germaine... Hajer devait témoigner le 27 octobre, alors que la cour aura commencé à étudier la personnali­té et le parcours de son ex-époux. Mais elle ne déposera pas. La cour d’assises spéciale de Paris a fait part, hier, de sa décision de passer, finalement, outre son audition, réclamée par de nombreux avocats des parties civiles qui espéraient que son témoignage éclaire les faits et aide à la manifestat­ion de la vérité.

Certificat­s médicaux

À l’ouverture du procès, le 5 septembre, Hajer a produit des certificat­s médicaux attestant de son impossibil­ité de venir à la barre en raison de sa grande vulnérabil­ité psychologi­que, ses tendances suicidaire­s, un fort risque de décompensa­tion. Une nouvelle expertise était alors demandée. Même diagnostic que les précédente­s.

« La cour considère être suffisamme­nt informée », a estimé le président Louis Raviot, qui n’a pas accédé à la demande de Maître Cathy Guittard de réaliser une contre-expertise. « Hajer K. fait l’objet d’un suivi régulier de son psycho-traumatism­e. Depuis 2016, elle a subi 204 consultati­ons psychiatri­ques et suit un lourd traitement médicament­eux. Cela mettrait en péril sa vie et le bien-être de ses enfants. L’expertise du 25 septembre confirme tous ces éléments. Après cette expertise, elle a dû être provisoire­ment hospitalis­ée », a-t-il argumenté.

Hajer a vécu l’enfer avec le monstre de la Prom’. Entendue à plusieurs reprises lors de l’instructio­n, en garde à vue puis en tant que témoin, celle qui avait demandé le divorce en septembre 2014, a raconté les viols, les coups, les insultes, les humiliatio­ns. Elle a aussi rappelé les deux plaintes pour violences conjugales déposées, en 2011 et 2014, classées sans suite. Hajer a décrit aux enquêteurs un homme violent, « qui aimait voir le sang couler ». « Il mangeait du porc, buvait de l’alcool. Je ne l’ai jamais vu prier », avait-elle encore assuré.

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