Nice-Matin (Cannes)

Une garde à vue se passait sans avocat, c’était viril”

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forme d’émulation. J’étais dans l’antigang, qui est une police dans la police, on était sur le terrain, on faisait de la police de pénétratio­n et de saute dessus. Quand vous mettiez en place une surveillan­ce pendant des semaines, passer les pinces à un voyou, c’était une récompense.

Quel sentiment vous a animé à la mort de Mesrine ?

De la frustratio­n. Tout s’est arrêté brutalemen­t alors qu’on voulait le coffrer, discuter avec lui. À cette époque, une garde à vue se passait sans avocat, c’était viril on va dire. Quand vous passez 48 heures de garde à vue avec un voyou ça crée des liens, alors plutôt que de bouffer des mauvais sandwiches au commissari­at, on allait souvent au bistrot du coin avec le gardé à vue pour casser la croûte et parler. Avec les truands, on parlait le même langage, il n’y avait pas d’animosité, de haine.

Que représente Jacques Mesrine, pour vous ?

C’était un faux truand en réalité. Il aspirait à avoir une vie normale, il a d’ailleurs essayé, à plusieurs reprises, de revenir sur le droit chemin, mais ses démons étaient trop importants. Étant de sa génération, j’ai réussi à comprendre son parcours, il faut aussi se remémorer ce qu’étaient les enfants à la sortie de la guerre en 1945, la vie était difficile, il n’y avait pas de structures, tout était à l’abandon, alors les bandes de jeunes étaient dans Paris, seules.

Les années 70, c’est l’époque des grands flics médiatique­s : Lucien Aimé-blanc, Robert Broussard, René-georges Querry, Charles Pellegrini. Comment se passait cette cohabitati­on ?

Sur le terrain, ça se passait

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