Vengeance et tromperie
Dans le nouveau film de Jean Paul Civeyrac, l’actrice incarne une flic cocue qui va commettre une bavure. Le personnage de Juliane relève presque de la mythologie et de la tragédie avec son arc qui semble être un prolongement d’ellemême…
J’ai effectivement été entraîné par cette idée, sans savoir où l’intrigue allait, ni ce qui allait se passer. Il s’agit d’un film qui est à l’image de la vie où on a un chemin à suivre. Une sorte de dynamique du destin qui lui échappe. Juliane suit cependant sa voie intérieure. Il n’y a donc pas de tergiversation : elle se prend en main et va jusqu’au bout. Elle est tendue… comme un arc et a trouvé cet équilibre auprès de son mari et de sa famille pour continuer à exister. Or la machine s’est enrayée…
Il s’agit aussi d’une femme qui souffre, repliée sur ellemême sans personne à qui se confier. Cela représentait-il un défi ?
Ce n’était pas nouveau… Il y a quand même eu, l’année dernière, Tout s’est bien passé de François Ozon, pour ne citer que lui. Une femme de notre temps n’est pas un film bavard. Il a un autre langage, intérieur, intime. Il y est question d’une blessure, d’une trahison… autant de déchirures enfouies au fond de nous et pas toujours évidentes à communiquer. Le métier de Juliane, commissaire, exige aussi cela. Elle voit des crimes, des morts, c’est ce qui l’a endurcie. On sait aussi qu’elle écrit pour évacuer ses tensions ainsi que ses énergies négatives.
La bavure qu’elle commet en tuant un homme fait partir le film dans un autre registre. L’avez-vous perçu ainsi ?
À ce moment-là, Juliane suit sa trajectoire mais fait face à une nouvelle situation complexe, extérieure, qui joue un effet miroir puisqu’elle concerne un homme violent. Cela pourrait la dévier de son chemin, mais non, elle continue. Cela démontre que le film est animé par une vraie liberté. Notre ambition n’est pas de raconter une grande histoire policière mais de rester focalisés sur ce personnage, à ce moment-là de sa vie, sans se concentrer sur les à-côtés.
« Ce n’est pas un film bavard. Il a un autre langage, intérieur, intime »
L’histoire
Juliane (Sophie Marceau), commissaire de police à Paris, est une femme d’une grande intégrité morale. Mais la découverte de la double vie de son mari (Johan Heldenbergh) va soudain la conduire à commettre des actes dont elle ne se serait jamais crue capable…
Notre avis
Entre un scénario illogique, trafiqué pour insuffler un minimum de suspense ou une musique qui vient surligner toutes les intentions, ce thriller intimiste porté par Sophie Marceau fait fausse route. Même constat lorsqu’il s’agit d’étudier la psychologie de Juliane, cette flic archère cocue qui prend constamment les mauvaises décisions jusqu’au point de s’engluer dans une situation abracadabrantesque… Et ce, jusqu’à un affrontement final risible, qui laisse pantois.
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