Nice-Matin (Cannes)

Amours fragiles

- De Mia Hansen-løve (France). Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud... Drame. 1 h 52. Notre avis : C. COP.

L’histoire

Sandra (Léa Seydoux), jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg (Pascal Greggory). Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue depuis longtemps...

Notre avis

C’est une évidence, la délicatess­e berce le cinéma de Mia Hansenløve. À la fois doux et grave, ce portrait de femme, magistrale­ment incarnée par Léa Seydoux, aussi fragile que troublante, émeut. Un casting en tout point parfait tant le choix de faire interpréte­r son père par Pascal Greggory est remarquabl­e.

Les deux comédiens ont, en effet, en commun ce regard clair, qui les lie indéniable­ment au sein d’une trajectoir­e contraire. Car si la jeune femme se bat pour continuer à vivre, le paternel lui va vers un déclin, perd ses capacités, à commencer par celle de pouvoir lire…

Par leur relation, la cinéaste donne à réfléchir sur ce qui reste de ceux qu’on aime, interroge la mémoire, fuyante, et tente de déterminer comment une reconstruc­tion est possible.

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Pour Mia Hansen-løve, l’actrice interprète une jeune femme au chevet de son père, au crépuscule de sa vie.

Un beau matin,

de Mia Hansenløve, est en partie inspiré de moments de sa vie. Cela change-t-il quelque chose au niveau de l’interpréta­tion ?

Le fait qu’il y ait une dimension autobiogra­phique me donnait l’impression d’une exigence supplément­aire. Les films de Mia Hansen-løve sont ancrés dans un réalisme, ce qui est agréable. Au cours d’une carrière, on fait beaucoup de rôles dans des fictions qui prennent place dans des mondes “irréels”. Là, il n’y avait aucun artifice. C’est presque un documentai­re.

Avez-vous observé la réalisatri­ce pour reprendre certains de ses gestes ?

Non. Je n’ai pas ce rapport-là au jeu. C’est plus instinctif. Selon moi, le travail consiste à apprendre son texte. Ensuite, tout se déroule sur le plateau. L’incarnatio­n se fait quand on entend : “Action”. Je n’ai jamais fait de travail de recherche. Sans doute car je ne crois pas trop à l’idée du personnage. Cela explique pourquoi je n’aime pas, y compris en tant que spectatric­e, les biopics, où l’exercice consiste à répliquer un personnage qui a existé. Je n’ai donc pas essayé d’imiter Mia.

J’ai, par ailleurs, une féminité différente de la sienne mais il était intéressan­t de percevoir le sentiment, de saisir ce qu’elle voulait exprimer à travers son film. J’avais l’impression d’être un vecteur de sa pensée.

Quelle facette de votre personnali­té avez-vous apportée à Sandra ?

Je crois qu’on peut seulement parler des choses qu’on a vécues. Lorsque je regarde un film, j’aime que l’acteur parle de lui, tout comme le metteur en scène le fait. Il s’agit de faire une différence entre le réalisme et la vérité. Celle-ci peut émerger dans tous les types de films et m’intéresse donc davantage. À titre personnel, j’ai le sentiment de toujours jouer le même rôle, en insérant des nuances. À l’écran, c’est toujours moi ! J’ai entendu récemment Catherine Deneuve dire que pour être acteur il faut avoir de la personnali­té et du charisme… C’est un peu ça, oui.

« Là, il n’y avait aucun artifice. C’est presque un documentai­re »

Le film a une tonalité dramatique. Est-ce que cela dépeint sur vous ?

Parler des choses tristes, de la mort, n’est pas quelque chose qui m’effraie. Souvent, cela me ramène même à la vie. En revanche, oui je trouve ce métier pesant. Et de plus en plus… Émotionnel­lement, il faut aller chercher des choses au fond de soi et, forcément, c’est éprouvant.

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