Nice-Matin (Cannes)

N’était pas un rêve »

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Vous n’avez pas attendu longtemps pour inscrire votre premier but en pro.

Je fais ma première entrée à 17 ans contre Salzbourg en Ligue Europa, où je passe peut-être une minute sur le terrain. Le week-end d’après, je crois qu’on reçoit Aarau. Dans la vie, il faut un peu de chance. L’équipe gagne 4-0, donc c’est une opportunit­é de lancer un jeune. Je rentre et je marque après quelques minutes (une en réalité). On est à la maison. Il y a beaucoup d’émotions. Yann Sommer fait le sprint de sa vie pour venir célébrer avec moi. Je ne l’ai plus jamais vu faire ça (rires). C’est là que tout commence pour moi.

Celui qui vous a lancé (Murat Yakin) est désormais votre sélectionn­eur.

Il m’a donné ma chance. C’est marrant parce qu’à cette période, il me faisait jouer en numéro 8 voire en 10, mais jamais en pointe et 5-6 ans plus tard, je suis toujours sous ses ordres mais je suis complèteme­nt attaquant. Mon style de jeu a beaucoup évolué. On en rigolait encore ensemble la semaine dernière. Il connaît exactement mes forces et mes faiblesses, donc c’est très spécial pour moi de retravaill­er avec lui.

Il disait récemment de vous :

« Je ne pensais pas que cette place à la pointe de l’attaque serait celle qui lui conviendra­it le mieux ».

Je suis le premier à penser que je ne suis pas complèteme­nt un 9. A 16-17 ans, ça m’est arrivé de jouer milieu défensif. Quand on me critique parce que je ne suis pas l’attaquant qu’on voudrait que je sois, je réponds que c’est normal au vu de mon parcours. La question de mon poste s’est beaucoup posée. Aucun coach n’était d’accord (rires). J’ai beaucoup appris de ces différente­s expérience­s et je pense que c’est aussi ce qui fait ma force. Ça m’aide sur le terrain dans les mouvements ou dans la façon d’appeler le ballon.

Après Bâle, vous signez à Schalke 04 mais vous vous blessez gravement, peu après votre arrivée.

C’était la première blessure de ma carrière (une fracture de la cheville avec complicati­ons). Je n’avais aucune idée de ce que ça impliquait. J’avais beaucoup de pression. Je venais de m’était arrivé. J’étais choqué. C’est l’un des dix plus grands athlètes de l’histoire, comment il peut savoir de quoi souffre Embolo ? Il m’a conseillé des spécialist­es.

Il te fait te sentir important. Il ne fait pas semblant, il est vraiment intéressé. Je me souviens l’avoir vu parler avec un skieur et il connaissai­t tous les résultats de la saison. Il est impression­nant.

Vous avez regardé son dernier match ?

Bien sûr. J’étais avec la sélection suisse. Sur un écran, il y avait le match de l’italie, et sur l’autre la Laver Cup. On a poursuivi le visionnage dans ma chambre avec deuxtrois joueurs. C’était un moment très émouvant. Un mois et demi avant, il était venu nous voir à l’entraîneme­nt. Il nous disait alors, qu’il donnait tout pour revenir, qu’il était prêt à essayer encore. Il a finalement pris la décision d’arrêter. Il a tellement apporté au sport en tant qu’athlète mais aussi en tant qu’homme. Je lui souhaite le meilleur.

Vous avez deux enfants. La paternité vous a changé ?

Un peu mais ma femme dit tout le temps qu’il y a trois enfants à la maison et pas deux (rires). Être père, c’est simple et très dur à la fois. J’ai la chance avec mon métier d’avoir quand même des moments libres, d’avoir une situation financière confortabl­e. D’un autre côté, le sommeil, les nuits ne sont plus les mêmes. C’est beaucoup de responsabi­lités. Les enfants te prennent et t’apportent tellement à la fois. Grâce à eux, je prends beaucoup plus de recul.

Votre fille est née pendant la Coupe du monde 2018.

Entre la phase de poule et les huitièmes de finale. J’ai eu peur car j’étais à l’autre bout du monde. Ça a été juste, mais j’ai pu sauter dans un avion après notre qualificat­ion et assister à l’accoucheme­nt.

Vous êtes né à Yaoundé, au Cameroun. Y retournezv­ous souvent ?

Mon père et les trois quarts de ma famille vivent là-bas. J’essaie de m’y rendre tous les étés. Ça devient difficile car il y a de plus en plus de matchs et de moins en moins de jours libres. C’est très important pour moi de cultiver cette relation avec mon pays natal, mes racines et donner aussi quelque chose en retour.

Quelles étaient vos idoles de jeunesse ?

Samuel Eto’o était l’idole de notre peuple. Grâce à lui, je me suis mis à kiffer le Barça. Il y a aussi Alexandre Song, Ronaldinho, R9 (Ronaldo), Zlatan Ibrahimovi­c. Aujourd’hui, je n’ai plus d’idoles mais plein de joueurs de qui j’essaie d’apprendre. Je regarde beaucoup de vidéos, j’essaie de piquer deux-trois trucs un peu partout. A Monaco, tu peux apprendre de tout le monde : le placement, la finition avec le pied gauche de Kevin (Volland), Wissam (Ben Yedder), Golovin...

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Il paraît que vous adorez aussi Mario Balotelli.

Bien sûr ! Qui ne l’aime pas ?

Vous dépensez mieux votre argent que lui ?

J’espère, enfin je ne sais pas comment il le dépense (rires). J’ai le côté suisse en moi, on est bon dans les investisse­ments.

De qui êtes-vous le plus proche dans le vestiaire monégasque ?

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