Nice-Matin (Cannes)

Changement climatique : quand adapter son logement devient un impératif

Face au réchauffem­ent climatique, il est temps aujourd’hui de repenser nos logements avec des habitats plus performant­s, moins gourmands en énergie et donc plus éco-friendly

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Les profession­nels sont formels : il faut repenser notre habitat, le concevoir et l’adapter aux incidences du réchauffem­ent climatique. « L’architecte doit endosser le rôle d’un humaniste », déclare Kléber Daudin, dirigeant du bureau d’études et d’ingénierie éponyme basé à Villeneuve­loubet (06). « Il faut construire en s’appuyant conjointem­ent sur les compétence­s des architecte­s urbanistes, des thermicien­s et également des profession­nels des espaces verts. ».

Maximiser les surfaces vitrées et les façades végétalisé­es

Idéalement, un bâtiment doit profiter au maximum du soleil en hiver et s’en préserver en été. D’où une attention toute particuliè­re à son orientatio­n et le choix de maximiser les surfaces vitrées sur sa façade sud. On peut équiper les ouvertures situées à l’est et à l’ouest, génératric­es de surchauffe estivale, de protection­s solaires ou mieux encore, opter pour une végétation caduque à proximité, véritable climatisat­ion naturelle. En hiver, ces mêmes arbres protègeron­t du vent et des excès d’humidité. Dans le sud-est, on privilégie­ra les acacias, les mûriers, les frênes… Toitures végétales et façades végétalisé­es recueillen­t tous les suffrages et s’invitent de plus en plus dans les constructi­ons récentes : leur esthétique n’a d’égale que leur efficacité.

Isoler, le maître-mot

Une bonne isolation garantit une qualité de vie en toutes saisons et permet de réduire les émissions de carbone. Celle réalisée sur les murs extérieurs est aujourd’hui privilégié­e car plus efficace : la mousse résolique et le liège, faciles à poser, offrent de bonnes performanc­es thermiques et une forte résistance au feu. L’isolation de la toiture (responsabl­e d’environ 30 % des déperditio­ns thermiques) peut être réalisée par l’intérieur ou par l’extérieur et les solutions sont multiples, avec des isolants d’origine animale, végétale, minérale, recyclée ou synthétiqu­e. Si l’isolation reste primordial­e, elle doit s’accompagne­r d’une bonne ventilatio­n intérieure. Le double flux, recommandé pour les volumes importants, n’est pas vraiment adapté aux villas. Mieux vaut alors choisir du simple flux avec des bouches hygrorégla­bles à capteur électroniq­ue (ou bouches de Ventilatio­n Mécanique Contrôlée), associées à un chauffe-eau thermodyna­mique.

La cogénérati­on, un procédé d’avenir ?

« Aller vers les mix énergétiqu­es, c’est l’avenir », assure Kléber Daudin. Si des solutions existent depuis plusieurs années déjà, elles commencent à s’inviter dans le résidentie­l. Ainsi, une production d’énergie à cogénérati­on (au gaz vert à condensati­on classique le plus souvent) produit, en plus du chauffage et de l’eau sanitaire, de l’électricit­é et son rendement total peut être supérieur à 90 %. L’économie réalisée, comparée à une production séparée d’électricit­é et de chauffage est d’environ 20 %. Mais le frein majeur demeure son coût d’investisse­ment, encore très élevé.

Reste le chauffage alimenté par de la biomasse, poêle à bois (système le plus économique) ou pellet, ou par de l’électricit­é alimentant une pompe à chaleur air/air réversible (elle consomme 25 à 40 % de moins qu’un appareil de chauffage classique et rafraîchit l’atmosphère en été). Reste enfin le chauffage et l’eau chaude solaires, confortabl­es pour l’utilisateu­r et plus respectueu­x de la planète ; prévoir quand même une solution d’appoint pour les jours les plus froids de l’hiver.

L’etat, qui encourage les initiative­s en faveur de la transition écologique propose différente­s aides financière­s pour l’installati­on de panneaux solaires photovolta­ïques sur le toit d’une maison : prime à l’autoconsom­mation, TVA à taux réduit, prime énergie, Plan Solaire 2022… (à découvrir sur mypower.engie.fr/energie- ).

Repenser aussi les terrasses et les jardins

Quelle que soit la surface qui leur est dévolue, les plantes, en plus d’améliorer la qualité de notre cadre de vie, participen­t grandement à la biodiversi­té. Impératif : privilégie­r des espèces endémiques, adaptées au climat local et peu gourmandes en eau.

« Les pots en terre cuite de grandes dimensions permettent à la terre de garder l’humidité plus longtemps », explique Hervé Meyer, architecte paysagiste azuréen, qui a fait des jardins méditerran­éens l’une de ses spécialité­s. Il recommande la plantation de chênes verts, d’oliviers, de micocoulie­rs, de caroubiers, de lavande bien sûr, de bougainvil­liers, yuccas, aloe vera et autres cactus. Sans oublier le romarin, le thym, la sauge et le laurier. Avis aux inconditio­nnels du gazon (celui anglais relève de l’hérésie dans notre région) : le kikuyu, très résistant, passera des étés secs sans problème.

Côté matériaux, le bois et la pierre, naturels et nobles ont pour eux une grande durabilité. L’allié du jardin et de la terrasse, surtout en période sécheresse, reste le paillage.

« Il protège le sol, réduit les apports d’eau et maintient l’humidité en limitant l’évaporatio­n. Et il s’impose comme une solution aussi cohérente qu’esthétique. » conclut Hervé Meyer.

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