Nice-Matin (Cannes)

Meurtre de Laëtitia : un accusé au passé conjugal violent

Toutes les ex-compagnes de Mickaël Reynaud, meurtrier de Laëtitia Hemery jugé cette semaine par la cour d’assises du Var, ont confié à la barre avoir vécu des épisodes de violences.

- V. W.

Qui est Mickaël Reynaud ? Cet homme « têtu, qui va au fond des choses » comme le décrit sa mère ? Cet entreprene­ur sérieux et appliqué, « excellent carreleur », comme le qualifie un ancien employeur ? Ce papa poule fusionnel mais capable d’envoyer des SMS injurieux à sa propre fille adolescent­e (« Je vais te déboîter la bouche si tu réponds pas ») ? Ou cet amant jaloux de tout et de tous, noyant son mal-être dans l’alcool et la cocaïne ?

Des milliers de SMS orduriers

Comme toujours, la vérité n’est pas une et indivisibl­e. Une seule chose est certaine : Mickaël Reynaud a un sérieux problème avec les femmes.

Avant d’ôter la vie de Laëtitia Hemery le 1er janvier 2020 dans le quartier du Mourillon à Toulon, meurtre pour lequel il est jugé cette semaine par la cour d’assises du Var (lire nos éditions précédente­s), ses différente­s relations amoureuses ont toutes été émaillées de violences. Des violences qui l’ont mené à comparaîtr­e quatre fois devant un tribunal correction­nel pour autant de condamnati­ons, en 2006, 2009, 2011 et 2015. Le 9 novembre 2019, Laëtitia Hemery avait elle-même déposé plainte pour des violences ayant eu lieu un mois auparavant.

Après ces faits, la jeune femme avait décidé de prendre ses distances avec Mickaël Reynaud qu’elle fréquentai­t épisodique­ment depuis deux ans. Une décision que son ex-concubin n’avait pas acceptée, inondant Laëtitia et l’un de ses fils de propos orduriers par SMS.

Sous emprise

Pourtant, un mois et demi plus tard, le couple s’était reconstitu­é le temps d’une soirée. Littéralem­ent harcelée par Mickaël Reynaud – l’expert informatiq­ue a relevé 3 974 SMS entre le 30 octobre et le 31 décembre ! – durant cette période, Laëtitia avait finalement accepté de passer le réveillon du Nouvel an avec lui. Non sans avoir essuyé des centaines d’insultes et des menaces dès qu’elle tardait à lui répondre (« Ne joue pas avec moi, un homme blessé est un homme dangereux. Ta seule faiblesse est de me considérer comme anodin. » )et déjoué un « piège » de son concubin, ayant envoyé un ami pour la séduire afin de tester sa « loyauté ». « Laëtitia était sous emprise, tente de justifier sa soeur cadette. Une femme battue n’a pas toujours la capacité de partir, à cause de la peur. Des coups et des conséquenc­es. » « Il l’attaquait sur ses complexes, la dénigrait pour lui faire croire qu’il fallait qu’elle reste avec lui » poursuit l’un de ses fils.

À ces menaces de morts téléphoniq­ues et ces insultes, Laëtitia ne répondait jamais par l’invective. « Cela avait le don de m’exaspérer » reconnaît placidemen­t l’accusé.

Déjà violent à 17 ans

Mais tout, apparemmen­t, l’excédait. Quelle que soit la personne qui partageait sa vie. Animé par la jalousie et « le manque de confiance en lui », il était ainsi capable de s’en prendre à Sandra, la mère de sa fille, pour « un simple décolletée ou une jupe trop courte ».

En 2006 et 2011, celle-ci avait déposé plainte. Par deux fois, il avait tenté de l’étrangler. Et quand elle avait décidé de se séparer de lui, il l’avait harcelée au téléphone.

Même schéma des années auparavant avec Priscille, son premier amour. Mickaël avait 17 ans. « J’étais également mineure à l’époque, raconte la jeune femme. Il était impulsif et justifiait ses actes en me faisant sentir que c’était de ma faute. » Pour avoir simplement parlé à un ami de Mickaël ou pour des motifs tout aussi futiles, Priscille a pris un coup de casque de scooter et eu trois dents cassées. A perdu connaissan­ce après avoir reçu une caisse à outils en plein visage. A vu ses vêtements découpés car « trop décolletés» . S’est réveillée une nuit avec Mickaël sur elle en train de l’étrangler... Ce scénario, semblant se répéter à l’infini, a fini par être fatal à Laëtitia Hemery. La seule qui n’a pas su trouver la force de s’opposer à ce « mauvais amour ».

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Le président Patrick Véron et ses assesseure­s ont longuement entendu les témoignage­s d’anciennes compagnes de Mickaël Reynaud.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le président Patrick Véron et ses assesseure­s ont longuement entendu les témoignage­s d’anciennes compagnes de Mickaël Reynaud.

Newspapers in French

Newspapers from France