Nice-Matin (Cannes)

Le luxe à portée de main

Du 14 au 16 octobre, le groupe LVMH organise de nouvelles Journées particuliè­res ouvertes au public, dans des lieux habituelle­ment secrets. Nous avons visité ceux de notre région en avant-première.

- MICHAËL ZOLTOBRODA mzoltobrod­a@nicematin.fr

Jasmins, orangers, violettes, oliviers… Déambuler dans le jardin des Fontaines parfumées, c’est parcourir une kyrielle de senteurs. Surtout en ce rare jour pluvieux de septembre. Ce n’est pourtant rien comparé à ce que réserve la grande bâtisse datant de 1640, à l’intérieur ultramoder­ne, où sont stockées 2 500 « matières ». C’est ici, sur les hauteurs de Grasse, berceau de la parfumerie française, que le nez de LVMH concocte son trente-cinquième « jus » à l’abri des regards. Et pour cause, les formules ne sont pas soumises à la propriété intellectu­elle. Seules quelques élèves de classes scolaires et de riches clients, venus s’offrir un parfum sur mesure, y sont conviés. Excepté durant les trois jours des prochaines Journées particuliè­res, organisées du 14 au 16 octobre. Au total, quatre-vingt-seize lieux de l’empire Arnault ouvrent leurs portes au public à travers quinze pays. Quatre sites sont à découvrir dans le Var et les Alpes-maritimes. Si les préinscrip­tions sont closes, les visiteurs spontanés seront également reçus « dans la limite des places disponible­s ».

Technique « unique au monde »

Aux Fontaines parfumées, la visite se poursuit au premier étage, dans le bureau du maître parfumeur Jacques Cavallier. Sa base ? Les fleurs de jasmin locales, achetées 120 000 euros le kilo, contre 4 000 euros pour une production indienne. Dans cette maison de luxe, on en récupère l’extrait à basse températur­e grâce à une technique « unique au monde » qui utilise le CO2.

Direction le deuxième étage, celui de l’atelier aux rangées de flacons multicolor­es. C’est là que prend vie toute nouvelle formule, avant d’être envoyée dans les usines de confection à Orléans et Chartres. On y trouve également une balance, précise au milligramm­e près et une cave anti-explosion réglée entre 5,5 et 6,5 degrés.

La vie en Dior

Même esprit, autre demeure prestigieu­se située à Montauroux, en pays de Fayence. Celle où a vécu Christian Dior. Cet ancien relais de poste rebaptisée le château de la Colle Noire fut sa résidence secondaire de 1950 jusqu’à sa mort, sept ans plus tard. Un rêve devenu paradis. Avec l’architecte Andreï Svetchine, formé aux Arts décoratifs de Nice, le créateur a pensé jusqu’à la moindre poignée de porte.

Restauré à l’identique en 2016 par Les parfums Dior, cet endroit figé en 1957 garantit un voyage dans le temps. Et une plongée dans l’intimité du grand couturier. Via plusieurs portes secrètes, on accède notamment aux appartemen­ts privés de celui qui a connu un succès fulgurant avec son premier défilé New-look.

Habituelle­ment, moins de mille invités par an sont conviés à renouer avec son histoire. Principale­ment des collaborat­eurs, des clients VIP et les égéries de la marque. Charlize Theron y était pour l’inaugurati­on il y a six ans, Anya Taylor-joy y a tourné la prochaine pub, diffusée pour Noël.

Du parfum et du vin

Un peu plus à l’ouest, place aux rosés prestigieu­x. Ceux du château Galoupet, sur la commune de La-londe-les-maures, avec vue sur les îles d’or. En rénovation, le château reste fermé. Les visiteurs seront davantage renseignés sur les micro terroirs et les différents cépages en conversion biologique depuis 2020.

L’expérience se prolonge dans les terres, au château d’esclans, à La Motte. Si le paysage est également à couper le souffle, la visite des caves est un vrai plus. Près de 15 millions de bouteilles en sortent, dont 70 % à destinatio­n des États-unis, notamment la cuvée Whispering Angel accessible à moins de 20 euros.

Pour monter en gamme, les propriétai­res ont investi dans une nouvelle génération de machines : une trieuse optique électroniq­ue à 300 000 euros pièce et deux pressoirs pneumatiqu­es gonflés à l’azote, pour le même prix. L’addition peut monter jusqu’à 120 euros pour un Garrus, élevé en fût en chêne dans une des 176 barriques. Un luxe qui n’est pas proposé à la dégustatio­n, malheureus­ement.

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(Photo Franz Chavaroche) Au château d’esclans, à La Motte, les meilleurs rosés sont élevés en fut de chêne pour garantir un vieillisse­ment de 5 à 6 ans.
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(Photo F. C.) À l’intérieur du château de la Colle Noire, le temps a été figé en 1957, année de la mort de Christian Dior. Le couturier parfumeur avait fait de cette propriété, située à Montauroux, sa résidence secondaire.
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(Photo M. Z.) C’est dans son bureau des Fontaines parfumées, à Grasse , que Jacques Cavalier crée de nouvelles formules secrètes de parfum.

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