Nice-Matin (Cannes)

« Qu’elle dise où est mon fils »

- C. P.

Marguerite De Saint-mareville a parcouru la forêt de Mons, placardé des affiches, interrogé les chasseurs avec la photo de Thibault, son fils qu’elle cherche sans relâche depuis 2015. Aux côtés de sa fille Lydia, domiciliée à Grasse et son petit-fils de 13 ans, elle sera partie civile au procès de Marlène Dietrich qui s’ouvre aujourd’hui.

Ce procès c’est un espoir, une angoisse, un soulagemen­t ?

C’est un soulagemen­t au bout de sept ans d’attente. Avec l’espoir de savoir où ils ont jeté le corps de mon fils. Beaucoup savent .... Je suis un peu angoissée de peur de ne pas pouvoir dire tout ce que j’ai à dire, d’être rattrapée par l’émotion, de ne pouvoir m’exprimer.

Vous n’avez jamais eu le moindre signe de vie ?

Très vite, j’ai été très inquiète. Je me doutais qu’il lui était arrivé quelque chose de grave vu ses derniers SMS qu’il m’a envoyés. Marlène Dietrich n’arrêtait pas de lui dire qu’elle était menacée, en danger. Il fallait bien qu’elle justifie ses disparitio­ns. Elle disait la même chose à Semaan Mansour, jeune homme qu’elle fréquentai­t en août 2015. Elle lui disait qu’elle était frappée, violée, droguée, séquestrée.

Semaan Mansour aurait pu être lui aussi manipulé avant de tuer Thibault, selon votre hypothèse ?

Tout à fait. Vous savez, mon fils a cru Marlène. Il allait déposer plainte au commissari­at, chez les gendarmes de Mougins, pour les alerter sur les menaces qu’elle subissait. Il espérait que les forces de l’ordre la protègent. Semaan a pu penser qu’un rival (son fils) faisait du mal à Marlène alors que tout était inventé.

Thibault était reparti à Paris. Pourquoi revient-il à Cannes ?

Parce que Marlene l’a harcelé, qu’elle est montée à Paris cinq jours, lui disant qu’elle ne pouvait se passer de lui, qu’elle voulait faire sa vie avec lui. Thibault savait que je n’étais pas contente du tout. Quelques jours avant, je lui avais dit de ne pas céder, que c’était une relation toxique.

Avez-vous rencontré Marlène Dietrich ?

Je suis allée chez elle, bd Jean-moulin au Cannet. Elle ne comptait pas m’ouvrir. J’ai laissé mon doigt sur la sonnette, elle a fini par descendre dans le hall, bien habillée, bien coiffée. Elle m’a répondu que Thibault avait dormi chez elle et qu’il était reparti à 7h. Elle n’était pas d’accord mais je suis montée chez elle. Il n’y avait rien de Thibault, pas même une brosse à dents. J’ai fait le tour de l’appartemen­t. Elle a pris un petit bracelet et l’a agité en me disant que c’était le dernier cadeau que lui avait fait Thibault à Paris. Elle était très détendue alors qu’elle a ensuite avoué que mon fils était mort chez elle (elle éclate en sanglots). Qu’elle dise où est le corps de mon enfant. Je veux pouvoir lui donner une sépulture.

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(Photo P. L.)

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