Var : 30 ans requis pour le meurtrier de Laëtitia
Un meurtre de « sangfroid ». Pour les avocates de la partie civile comme pour l’avocate générale, Mickaël Reynaud a mis fin à la vie de Laëtitia Hemery avec aplomb. Détermination. « Sans aucune passion amoureuse » plaide Me Sophie Caïs aux intérêts de la famille de la jeune femme, tuée à l’âge de 31 ans le 1er janvier 2020 à Toulon.
Un meurtre pour lequel il a été requis hier une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers et, à l’issue, d’un suivi socio-judiciaire de 10 ans. Une interdiction de contact avec la famille de Laëtitia Hemery et de paraître dans le Var a également été sollicitée par l’avocate générale. « Ce procès, ce n’est pas celui du comportement de Laëtitia Hemery, de l’alcool, des passions destructrices ou de l’éducation de l’accusé, déroule la représentante du ministère public. C’est celui de Mickaël Reynaud et de son emprise. » Celui d’un homme qui a «delasuite dans les idées », qui a étranglé sa concubine pour une danse trop suggestive et une parole malheureuse.
Rage narcissique
« Durant trois minutes, il a serré le cou de Laëtitia, revit Me Elisabeth Recotillet sur le banc des parties civiles. Sans paniquer, il a construit un scénario. A envoyé pas moins de 50 messages sur le téléphone de sa victime entre le 1er janvier 2 h 42 et son placement en garde à vue le 3 janvier. » « Ma femme, réponds-moi », « me fais pas ça, merde », « 4 heures du matin, pas moins de 3 heures sans nouvelle de toi. [...] T’es vraiment qu’une merde quand t’as bu » : l’accusation est persuadée qu’ils avaient pour but de lui forger un alibi. «Il dira même à la mère de Laëtitia qu’il lui en veut de ne pas lui donner de nouvelles alors qu’il vient de jeter son corps du haut de la falaise», poursuit l’avocate générale.
Pour les experts psychiatres et psychologues, Mickaël Reynaud est animé depuis toujours d’une « rage narcissique » l’amenant à considérer l’autre comme sa chose, et sa jalousie comme une affection contre laquelle il ne peut rien.
Une pulsion criminelle singulière
« Nous ne sommes pas dans une pulsion criminelle classique, embraye Me Hervé Andréani en défense. Il l’aime au sens où il l’entend. Mal, évidemment. Mais il estime qu’elle est à lui, qu’elle est une extension de lui. » Son narcissisme étant trop fort, il ne peut alors pas se permettre d’être humilié comme il a estimé l’être lors de ce réveillon du Nouvel an quand Laëtitia, alcoolisée, s’est mise à danser avec une femme. L’avocat va même plus loin : « Dans bien des cas, le meurtre par conjoint est suivi d’une tentative de suicide. Souvent ratée car l’autre est tellement ressenti comme le prolongement de soi que ce meurtre est déjà un suicide. » C’est pourtant un Mickaël Reynaud bien vivant qui entendra ce midi la cour rendre son verdict.