Nice-Matin (Cannes)

Frontières de la région

COMMENT ONT-ELLES ÉVOLUÉ ?

- ANDRE PEYREGNE magazine@nicematin.fr

Tout au long des siècles, les limites des Alpes-maritimes n’ont cessé de bouger. Voici le cheminemen­t de mille ans d’évolution de la région est de la Provence.

S’il est des choses qui ne sont pas immuables, ce sont bien les frontières des pays. La lourde actualité internatio­nale nous en donne des preuves. Cela concerne aussi les régions ou les départemen­ts. Tel est le cas des Alpes-maritimes. Leurs limites n’ont cessé de changer au cours des siècles. Parcourons plus de mille ans d’évolutions de la région est de la Provence. 972 : Le comte de Provence Guillaume Ier chasse les Sarrasins de la région. Le territoire comprenant Nice, Cagnes, Vence, Gréolières revient aux vicomtes de Nice, lesquels, associés aux comtes d’orange forment la maison de Nice-orange. Le secteur de Tende passe entre les mains du comte de Vintimille.

1032 : Le comté de Nice est rattaché au Saint-empire romain germanique dont les frontières vont de la Méditerran­ée à la mer du Nord.

Nice autonome

1108 : Nice se replie sur elle-même et devient une « république maritime autonome (lire encadré).

1176 : La « république niçoise » est conquise par le comte de Provence Alphonse Ier. Les frontières redevienne­nt celles de la Provence.

1191 : L’empereur romain germanique Henri VI le Cruel cède Monaco à la République de Gênes. Afin d’y installer une forteresse, les Gênois achètent le Rocher de Monaco à ses deux propriétai­res qui sont le village de Peille et l’abbaye de Saint-pons à Nice.

1229 : Le comte de Provence récupère Nice, Grasse, Villeneuve-loubet, Vence, Gréolières puis, en 1285, Villeneuve et Cagnes.

1229 : Charles Ier d’anjou, comte de Provence, achète Sospel, Breil et Saorge au comte de Vintimille.

1301 : Dans la guerre incessante entre Grimaldi et Gibelins pour la souveraine­té de Monaco, les Gibelins prennent le dessus. Le duc de Provence Charles II leur accorde La Turbie et donne Villeneuve, Vence et Cagnes aux Grimaldi.

1346 : Les Grimaldi qui ont repris Monaco achètent Menton et Roquebrune. La superficie de Monaco s’étend considérab­lement.

Nice à la Savoie

1388 : À la suite de l’assassinat de la reine Jeanne, comtesse de Provence, et de la guerre des clans qui s’en est suivie, Nice se donne au duché de Savoie. C’est la « Dédition de Nice à la Savoie », entraînant avec elle Lantosque, Vintimille, Puget-théniers, Barcelonne­tte et Beuil. Le Var devient la frontière orientale de la Provence – à l’exception de Gattières qui, bien qu’étant sur la rive droite, est revendue au comte de Savoie pour 2 000 florins-or.

: La Provence est réunie au Royaume de France. Les limites du pays sont marquées par des bornes portant d’un côté la fleur de lys française, de l’autre la croix de Savoie (on en trouve encore trace dans les hautes vallées des Alpes-maritimes). 1524 : La seigneurie de Dolceacqua (aujourd’hui en Italie) s’adjoint au comté de Nice.

1691 : Louis XIV prend Nice à la Savoie. 1697 : Le Traité de Turin, à la fin du conflit entre France et Savoie, restitue Nice à la Savoie.

1706 : Louis XIV reprend Nice et fait détruire son château.

1713 : Le Traité d’utrecht restitue à la Savoie le comté de Nice qui avait été occupé par les troupes françaises pendant la guerre de Succession d’espagne. Entraunes, qui appartenai­t à la viguerie de Barcelonne­tte attribuée à la France, reste à la Savoie.

1760 : En vertu du Traité de Turin visant à rectifier les frontières, la Savoie cède entre autres Gattières mais récupère Puget-rostang, Daluis, Guillaumes. Le village de Roquestero­n est partagé en deux, Rocca et Sterone, la rivière qui passe au centre tenant lieu de frontière.

Monaco redevient une principaut­é

1793 : À la suite de la prise de Nice par les troupes révolution­naires françaises, le départemen­t des Alpes-maritimes est créé, comprenant le comté de Nice, Monaco, Roquebrune et Menton.

1814 et 1815 : Les deux Traités de Paris suivant la chute de Napoléon Ier rendent le comté de Nice au Royaume de Piémont-sardaigne. Monaco redevient une Principaut­é.

1860 : À la suite de négociatio­ns entre Napoléon III et Victor-emmanuel II et d’un référendum, a lieu le rattacheme­nt du comté de Nice à la France. Le nouveau départemen­t des Alpes-maritimes comprend Grasse qui est détaché du Var. Tende, La Brigue et le Mercantour restent en Piémont-sardaigne, ainsi que le village de Mollières qui devient enclave piémontais­e en territoire français... afin que le duc Victor-emmanuel II de Savoie (futur roi d’italie) y conserve ses terrains de chasse !

1861 : La proclamati­on le 17 mars du Royaume d’italie, avec capitale Turin, offre désormais aux Alpes-maritimes une frontière avec l’italie.

1861 : Monaco perd Menton et Roquebrune qui sont rattachés aux Alpes-maritimes.

1947 : Le Traité de Paris qui suit la Seconde Guerre mondiale permet d’organiser le référendum aboutissan­t au rattacheme­nt de Tende et La Brigue à la France.

Telles sont les Alpes-maritimes que nous connaisson­s aujourd’hui.

« Les frontières sont marquées par des bornes portant d’un côté la fleur de lys française, de l’autre la croix de Savoie »

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(DR) Frontière entre la France et l’italie en 1861.
 ?? (DR) ?? Borne frontière avec la fleur de lys française et la croix savoyarde.
(DR) Borne frontière avec la fleur de lys française et la croix savoyarde.

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