Drechou décroche le Marathon, Tempier, son téléphone…
Maillot de champion de France de cross-country marathon sur les épaules, Stéphane Tempier n’est pas allé au bout de sa dernière course chez les pros. Remportée hier par le Français Hugo Drechou.
Il est franchement déroutant, Stéphane Tempier. Et jamais vraiment là où on l’attend. En juin dernier, personne ne le voyait prendre le maillot de champion de France de cross-country marathon et pourtant, seize ans après son dernier titre de champion de France, décroché en 2006 chez les Espoirs, le Gapençais a surpris tout son monde en s’emparant, à 36 ans, de son second titre national. Et hier encore, alors qu’on l’attendait à l’arrivée de sa dernière course chez les professionnels, le double vainqueur du Roc (2012 et 2018) n’a jamais franchi la ligne du Roc Marathon. Une course qu’il a quittée après une trentaine de kilomètres. Pour prendre sa retraite, un peu plus tôt que prévu…
« Je n’avais pas les jambes »
C’est donc au téléphone, alors qu’il pédalait vers le Base nature, qu’on lui a appris la victoire de son compatriote, Hugo Drechou, sur ce Roc Marathon. «Ahbon? C’est Hugo qui a gagné ? Vous me l’apprenez, nous a lâché le Haut-alpin qui, pour ses derniers coups de pédales chez les professionnels, aurait forcément aimé une autre sortie. C’est bien, je suis content pour lui, mais moi, je n’avais pas les jambes et je l’ai senti dès les premiers kilomètres. Après dix minutes sur le vélo, je me suis relevé et après trente bornes, j’ai décidé d’arrêter, expliquait Tempier. Même si je savais que ça serait limite de courir ici, cinq jours après la Transvésubienne (qu’il a remportée dimanche dernier, après cinq
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heures d’effort), je voulais jouer devant aujourd’hui (hier). Tant pis, j’ai voulu faire les deux, j’ai été gourmand, mais j’ai rempli l’un de mes deux objectifs. Et c’est déjà pas mal », concluait hier midi le Gapençais, sans aucune amertume dans la voix.
« J’ai essayé d’être le plus intelligent possible »
Quelques minutes plus tôt, Drechou venait donc de couper la ligne en tête, devant l’italien Fabian Rabensteiner. Déjà second l’an dernier, avec près d’une minute de retard sur le vainqueur du Roc Marathon 2021, Andreas Seewald (troisième hier), le champion d’europe de crosscountry marathon voit donc encore la victoire lui échapper à Fréjus. Mais cette fois, pour seulement un boyau. Car c’est au sprint que le Catalan de 31 ans, vainqueur aux Rousses et à Girona en Espagne le mois dernier a réglé hier l’italien. Pour remporter son cinquième succès de la saison. Et sans doute le plus beau. «Onétait six ou sept devant, j’étais très bien sur les deux premières heures, racontait Drechou, le souffle court sur la ligne après quatre heures d’un effort parfaitement géré. Toute la course, j’ai essayé d’être le plus intelligent possible, expliquait le natif de Céret. Dans le Bougnon, j’étais bien placé, mais j’ai laissé faire. Car je savais que ceux qui étaient derrière moi m’aideraient à revenir sur le plat. En marathon, il faut savoir s’économiser. »
Le semblant de fraîcheur conservé sur la pente du Bougnon, les efforts consentis par ses rivaux pour le ramener sur Rabensteiner dans les derniers kilomètres, ont sans doute pesé lourd dans les derniers hectomètres sur la Base nature. Et bien que coincé, tassé même par l’italien qui l’a joué «malin» sur le dernier virage, Drechou a donc fini « avec un très gros braquet », par prendre l’ascendant. Trouvant même la ressource nécessaire pour glisser un mot pour le jeune retraité, Stéphane Tempier. «Je lui en veux un peu parce qu’il a pris le maillot (de champion de France de marathon), et qu’il arrête après. Donc, c’est un peu dommage (rires). Mais plus sérieusement, c’est un grand coureur, qui n’avait de toute façon plus rien à prouver. » Non Tempier, n’a plus rien à prouver. Pas même cette capacité à toujours nous surprendre. confiait hier Loana Lecomte.
Mais allez, finalement peu importe, puisque Lavillenie a créé cette semaine son propre village olympique, du côté de Fréjus. Hébergé dans une villa louée avec la championne d’europe de crosscountry, Loana Lecomte et le triple vainqueur du Roc d’azur, Jordan Sarrou, Lavillenie est entouré de vététistes et profite pleinement de sa traditionnelle respiration varoise - la septième déjà -, loin de ses perches.
« Ça permet de changer un peu d’air »
« Passer un week-end avec Loana et Jordan, c’est quelque chose de plutôt sympa, raconte le perchiste. Et pour eux aussi, c’est la même démarche. Ça permet de changer un peu d’air, de voir autre chose, de passer des soirées sympas. Et puis le cadre est exceptionnel ». Hier, c’est effectivement dans un cadre exceptionnel, dans le massif