Cancer du sein : risques, DÉPISTAGE ET INNOVATIONS
Le Pr Emmanuel Barranger dirige le centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne, centre expert dans la prise en charge des cancers de la femme, à Nice.
Quelques chiffres concernant le dépistage organisé ?
Le taux national de participation, reste faible : environ 50 % alors que l’objectif est de 80 %. Et il est encore plus bas dans notre région et dans les A.M. en particulier. Pourtant les bénéfices d’un dépistage précoce d’un cancer du sein – avant qu’il soit palpable – sont majeurs : traitements moins lourds, séquelles réduites etc.
Quelle proportion représentent ces cancers de très bon pronostic ? Alors que le dépistage organisé cible les femmes âgées de 50 à 74 ans, certaines associations de patientes alertent sur le fait que la maladie touche de plus en plus de femmes jeunes.
Ce n’est pas confirmé par les études épidémiologiques. La progression du taux d’incidence (nouveaux cas) la plus forte concerne les femmes les plus âgées – plus de 70-80 ans – (+1,9%). Le cancer continue aussi d’augmenter dans la tranche d’âge 55 à 65 ans, mais c’est probablement lié à un dépistage accru dans cette tranche d’âge, suite aux polémiques autour du
A-t-on progressé sur l’identification des facteurs de risque ?
Le principal facteur de risque est hormonal. Règles précoces, ménopause tardive, absence de grossesse ou âge tardif de la première grossesse... constituent des facteurs d’exposition aux hormones. Or, plus la période d’imprégnation hormonale est
Octobre rose. Un mois pour parler du dépistage et des progrès dans le cancer du sein et écouter les mots de celles qui ont traversé (traversent) l’épreuve de la maladie.
importante, plus élevé est le risque de développement de cancers du sein dits hormonodépendants. Également mise en cause, la consommation abusive d’alcool serait à l’origine de 15 % des cancers du sein. Le surpoids et l’obésité sont enfin d’autres facteurs de risque bien identifiés.
Quid des progrès thérapeutiques, concernant les cancers du sein les plus graves ?
Les patientes à des stades avancés de la maladie (cancer du sein métastasique) ont accès à des innovations très prometteuses. La place en particulier des immunothérapies devient prépondérante. Mais elles ne bénéficient pas seulement à ces cancers très agressifs. Désormais, grâce à la recherche de mutations dans la tumeur, on commence à les prescrire à des stades moins avancés, combinées à de la chimiothérapie, mais à dose réduite donc mieux tolérée.
Comment accéder à ces innovations ?
Des essais cliniques sont ouverts dans notre centre notamment, avec des molécules non encore commercialisées. Mais, on peut regretter, de façon plus générale, que l’inclusion dans des essais cliniques reste encore trop faible en France par rapport aux autres pays développés.
« La place des immunothérapies devient prépondérante »