Nice-Matin (Cannes)

À Blausasc et Peille, on défend la cimenterie, qui « fait vivre les villages »

- MATHILDE TRANOY

Implantée au tout début du XXE siècle au coeur des pays du Paillon, sur ce qui deviendra ensuite la commune de Blausasc, l’imposante cimenterie Vicat borde la rive droite du fleuve sur plusieurs hectares.

Désignée par le président de la République comme l’un des 50 sites industriel­s qui émettent le plus de gaz à effet de serre en France, l’usine, pourvoyeus­e de centaines d’emplois, est avant tout perçue comme une bienfaitri­ce par le voisinage.

« On ne sent rien, on ne voit rien »

« Vicat, polluant ? », s’étonne Alain, qui vit depuis 1994 à quelques dizaines de mètres de l’entrée du site, à La Grave-de-peille. « Il y a 10-15 ans, les tuiles des maisons étaient toutes grises de poussière. Mais ils ont dû changer les filtres, parce qu’il n’y a plus rien », ajoutet-il en désignant les toits aux couleurs ocre des pavillons environnan­ts. « C’est sûr que le visu n’est pas agréable. Et qu’il y a ce bruit continu, ce ronronneme­nt. Ça doit être les moteurs qui tournent. C’est léger et on y est habitué. Mais pollué, non. On ne sent rien, on ne voit rien de particulie­r ».

« Ne comptez pas sur moi pour dire du mal »

De l’autre côté du Paillon, sur la commune voisine de Peille, Patricia, stationnée au pied de son immeuble, nettoie l’habitacle de son véhicule. «Ne comptez pas sur moi pour dire du mal de Vicat. Mon père y est entré à l’âge de 14 ans. Il y a fait toute sa carrière. Et il est mort à cause de son diabète, et pas du tout d’un cancer lié à la pollution. Tous les ouvriers de Vicat ont construit leur maison avec le ciment gratuit et le matériel prêté par l’usine. S’il n’y avait pas eu la cimenterie, il n’y aurait pas eu de village. Regardez toutes les maisons qu’il y a ici et dans ce qu’on appelle la cité Vicat. Les gens ne seraient pas restés s’ils n’y étaient pas bien. » Attablés à l’épicerie snack-bar La

Supp’, route des Clues, François, Michel, Marie-claire et Alain partagent le verre de l’amitié.

« On vient chercher des noises là où il n’y en a pas »

« Je suis né à Peille et j’y ai vécu pendant 83 ans avait de déménager à Drap il y a 2 ans. Vicat fait vivre le village. Ma femme aimait le bruit, ça la rassurait. On y était bien », résume François.

« Vicat ne pollue pas plus qu’autre chose. On vient chercher des noises là où il n’y en a pas. Et les avions, et les gros bateaux ? », défend Marie-claire. « J’habite juste en face de l’usine, depuis 60 ans. C’est vrai qu’autrefois, quand on mangeait sur la terrasse, on avait le clinker (le produit de la cuisson des constituan­ts principaux du ciment, Ndlr) qui tombait dans les assiettes. Ils se sont mis aux normes. On ne voit pas les fumées la journée. Elles sont rejetées la nuit. On ne les sent pas. », conclut Alain avant de passer à un autre sujet.

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(Photo Cyril Dodergny) Pour François, Michel, Marie-claire et Alain, attablés à l’épicerie snack-bar La Supp’, route des Clues à Peille, Vicat est avant tout perçu comme un bienfaiteu­r.

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