Nice-Matin (Cannes)

Muselier : « Pas question de boycotter la Coupe du monde »

Invité dans les bagages d’emmanuel Macron à la COP27, le président de la Région a officialis­é son plan pour préserver la Méditerran­ée. Et donne sa position sur le Mondial de foot au Qatar.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAËL ZOLTOBRODA

Annoncé en juillet, concrétisé à la COP27, qui se déroule actuelleme­nt à Charm elcheikh, en Égypte. C’est de là-bas que Renaud Muselier a officielle­ment lancé le fonds d’investisse­ment dans les infrastruc­tures en Méditerran­ée, nommé « PLIFF ». Objectif : lever un milliard d’euros « de capitaux, d’assistance technique, de fonds propres et d’emprunts d’ici 2024, à déployer d’ici 2030 ». Entretien au téléphone entre deux rendez-vous diplomatiq­ues.

Concrèteme­nt, à quoi va servir cet argent ?

On doit faire en sorte que les ports méditerran­éens s’adaptent aux évolutions technologi­ques, aux énergies nouvelles. Cela passe par l’électrific­ation à quai des navires. Ce que nous avons déjà engagé en Corse avec M. Simeoni (président du conseil exécutif du départemen­t, Ndlr) doit fonctionne­r de la même manière quand nous allons avec nos ferries sur l’algérie, la Tunisie ou le Maroc. Cela vaut aussi pour les cargos, sachant que 20 % du trafic mondial passe par la Méditerran­ée. Le deuxième volet concerne les ports propres et les ports résilients. Avec un impact sur les écosystème­s. Notre région sert de moteur sur le bassin méditerran­éen. Il faut qu’on réussisse notre plan escale zéro fumée, sur les ports de Nice, Toulon et Marseille d’ici 2028.

Ce milliard d’euros bénéficier­a également aux autres pays du bassin méditerran­éen. Jouent-ils tous le jeu ?

Ils y ont tout intérêt, dans la mesure où nous leur apportons des financemen­ts. Je viens d’avoir en ligne le port de la Goulette pour la Tunisie. Je sors d’une réunion avec le port d’alexandrie en Égypte. J’ai un déjeuner prévu avec les

Espagnols. J’étais il y a quinze jours sur le port du Liban. J’ai aussi des contacts avec l’italie et la Grèce.

Et pas la Libye ?

Non. Je ne les ai pas vus ici à la COP27, d’ailleurs. S’ils veulent en être, ils sont les bienvenus. Ils viendront bien à un moment ou un autre quand ils réaliseron­t qu’ils sont en retard. Mais ce n’est pas ma manière de faire, d’imposer les choses aux autres. Ce n’est pas non plus le pays où il y a le plus de trafic maritime.

Un milliard d’euros. Est-ce suffisant ?

Par rapport à rien ? On peut toujours dire qu’il en faut plus. Pour l’instant, il n’y a que les 30 millions investis par la Région pour la région. Après la prise de conscience, il faut mettre en place des outils et fédérer. Il est toujours temps de prendre nos destins en main. Je crois dans l’intelligen­ce humaine, dans la capacité d’adaptation et dans de la science. Grâce au goutte-àgoutte, les Israéliens ont bien transformé des déserts en oasis.

Trouvez-vous que la politique d’emmanuel Macron en matière d’écologie est assez ambitieuse ?

Elle est clairement affichée. La Première ministre, qui a en charge la partie environnem­entale du gouverneme­nt, viendra d’ailleurs faire des annonces lors du congrès des maires de la région à Marseille le 14 novembre. Comme la décentrali­sation ne fonctionne pas, je souhaite qu’il y ait des expériment­ations territoria­les en Paca, où nous avons le premier budget vert d’europe pour 2023. Nous aurons donc une expériment­ation forte.

C’est-à-dire ?

Réponse le 14 novembre.

Prôner l’écologie à la COP27, tout en se déplaçant en avion en Égypte. Est-ce compatible ?

J’ai croisé Jean-marc Governator­i (candidat écologiste à la primaire de la présidenti­elle de 2021, Ndlr) qui est venu en train, en car et en bateau. Il m’a expliqué que son bilan carbone était moins bon que le mien. Depuis la crise Covid, on a des capacités de travail par visioconfé­rence, mais pour mieux se comprendre, il faut se voir et se toucher.

Vous êtes aussi cosignatai­re d’une tribune pour une décarbonat­ion des sites les plus polluants en France…

Il faut pouvoir accueillir des entreprise­s sur des terrains qui ne soient pas pollués. Parallèlem­ent à ça, il faut également donner la possibilit­é aux entreprise­s présentes de se modifier sur le plan environnem­ental et énergétiqu­e.

Avez-vous ciblé les sites les plus polluants de la région ?

On les connaît. Ils ont été invités à l’élysée. Mais on est là pour parler de la COP27, non ?

Et d’écologie... Quel est votre regard sur la Coupe du monde de football organisée au Qatar ?

J’ai été surpris que le Qatar ait été choisi comme territoire de jeu. Des stades immenses climatisés, je ne pense pas que cela correspond­e à ce que l’on souhaite. Pour autant, il n’est pas question de la boycotter. On va soutenir l’équipe de France. Maintenant, il ne faudra pas recommence­r la même erreur avec l’arabie saoudite, qui veut organiser dans ses déserts les JO de ski (début octobre, l’arabie saoudite a décroché l’attributio­n des Jeux asiatiques d’hiver 2029, Ndlr).

On peut faire une fois des erreurs, pas deux. Sinon, ce serait une faute grave.

“Je crois dans l’intelligen­ce humaine” “On est là pour parler de la COP27, non?”

 ?? (Photo DR) ?? Le président de la Région à Charm el-cheikh, en Égypte, en présence de Nasser Kamel, secrétaire
général de l’union pour la Méditerran­ée.
(Photo DR) Le président de la Région à Charm el-cheikh, en Égypte, en présence de Nasser Kamel, secrétaire général de l’union pour la Méditerran­ée.

Newspapers in French

Newspapers from France