Cardinal Ricard : l’évêque de Nice avait saisi la justice
Une enquête a été ouverte visant le cardinal Ricard, qui a reconnu un comportement « répréhensible » envers une adolescente. L’évêque de Nice l’avait signalé fin octobre.
Un nouveau séisme touche l’église catholique, et ses secousses se ressentent jusque sur la Côte d’azur. Lundi, le cardinal Jean-pierre Ricard, ancien archevêque de Bordeaux et ancien patron des évêques de France, a suscité la stupéfaction générale en avouant avoir eu un comportement « répréhensible » envers une adolescente, à Marseille, il y a trentecinq ans. Hier, le parquet phocéen a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur ces faits. Des faits que Jean-philippe Nault, actuel évêque de Nice, avait dénoncés le 24 octobre dernier.
À vrai dire, cette affaire n’a aucun lien direct avec la capitale azuréenne. Si Mgr Nault a été amené à signaler, via son avocat, les agissements supposés de Mgr Ricard, c’est sans doute parce que leurs chemins se sont croisés dans un département voisin.
Un courrier des parents indignés
Avant d’être nommé évêque de Nice en mars dernier, Jean-philippe Nault était évêque de Digne. Jeanpierre Ricard, pour sa part, passait une retraite hyperactive dans les Alpes-de-haute-provence. En août 2021, nos confrères du Dauphiné Libéré l’avaient rencontré dans le presbytère de Peyruis, où il s’est établi après avoir demandé sa mise en retraite au pape François.
En février dernier, Jean-philippe Nault est encore en poste à Digne. C’est alors qu’il reçoit un courrier des parents d’une victime présumée du cardinal Ricard. Un courrier « virulent » qui vient après « sa désignation pour diligenter une enquête sur des foyers d’accueil », explique le parquet de Marseille dans un communiqué.
« À la suite de ce courrier, Monseigneur Ricard aurait reconnu auprès de ce prélat [Mgr Nault] avoir ‘‘embrassé’’ il y a plus de 40 ans la fille de ce couple, dont il aurait célébré plus tard le mariage religieux », détaille le parquet.
« Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables » ,a écrit le cardinal Ricard, aujourd’hui âgé de 78 ans. Son courrier a été lu en conférence de presse par Eric de Moulins-beaufort, président de la Conférence des évêques de France, au moment de sa clôture, lundi à Lourdes (1).
Collaboration avec la justice
Au moment des faits visant Mgr Ricard, la victime était adolescente. Mais cela, Mgr Nault ne l’aurait pas su d’emblée. Selon la procureure de Marseille, si l’actuel évêque de Nice n’a saisi la justice qu’en octobre, c’est parce qu’il aurait appris « plus tardivement » la minorité de la jeune fille.
Mgr Nault a proposé une rencontre à ses parents. Proposition refusée. Que cela fasse 35 ans ou 40 ans, les faits sont aujourd’hui vraisemblablement prescrits. La justice a néanmoins ouvert une enquête préliminaire, premier stade d’une enquête pénale destinée à éclairer le ministère public sur le bien-fondé d’une éventuelle poursuite. Contacté, le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, confirme n’avoir lui-même reçu aucun signalement. Le magistrat
loue, en revanche, l’étroite collaboration avec Mgr Nault sur ces affaires d’abus sexuels dans l’église. Le 19 mars, sitôt nommé évêque de Nice, Jean-philippe Nault avait signé un protocole de signalement des abus sexuels avec les procureurs de la République de Nice et Grasse.
1. Jean-pierre Ricard n’est pas le seul prélat dans la tourmente. Selon la Conférence des évêques de France, onze anciens évêques ont été mis en cause par la justice civile ou la justice canonique – la plupart pour des abus sexuels, et deux autres pour non-dénonciation.