Alaa Abdel Fattah : à la Cop27, la pression monte sur l’égypte
Après Paris et Londres, L’ONU et Berlin pressent l’égypte de libérer son détenu politique le plus célèbre, Alaa Abdel Fattah, en danger de mort après 7 mois de grève de la faim.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé Le Caire à sortir Alaa Abdel Fattah de sa prison afin d’éviter « une issue mortelle » à ses sept mois de grève de la faim car, a prévenu le Hautcommissaire de L’ONU aux droits humains Volker Türk, « sa vie est en grand danger ». Sa famille, elle, prévient : depuis qu’alaa a cessé de boire dimanche, elle n’a reçu aucune preuve de vie.
Sa mère Laila Soueif campe pour le deuxième jour consécutif devant sa prison dans l’espoir d’avoir de ses nouvelles mais elle n’a reçu «ni lettre, ni explication, rien qui nous dise qu’alaa est vivant ou à l’intérieur », a tweeté sa fille Mona Seif.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, Emmanuel Macron et le secrétaire général de L’ONU Antonio Guterres avaient évoqué le cas du militant pro-démocratie de 40 ans avec le président égyptien Abdel Fattah al-sissi.
Signe que le sujet est sensible dans un pays régulièrement épinglé sur ses violations des droits humains, la conférence de presse de sa soeur, Sanaa Seif à la Cop27 a été interrompue par un député pro-sissi. Le service de sécurité de L’ONU, organisateur officiel du sommet sur le climat, a dû faire sortir Amr Darwich qui tonnait : « On parle d’un citoyen égyptien détenu de droit commun, pas d’un détenu politique, n’essayez pas de vous servir de l’occident contre l’égypte. » Alaa Abdel Fattah, a-t-il ajouté, « s’en est pris à l’armée et à la police de son pays ».
Icône de la révolution de 2011
L’egypto-britannique, icône de la révolution de 2011 en Égypte – un mouvement populaire que le président Abdel Fattah al-sissi dénonce régulièrement dans ses discours – a été arrêté fin 2019.
Il a ensuite été condamné à cinq ans de prison pour diffusion de « fausses informations » pour avoir reposté sur Facebook un texte accusant un officier de police de torture.
Après plus de deux ans de détention, il a décidé le 2 avril de ne plus avaler qu’un verre de thé et une cuillère de miel.
Il y a une semaine, il a totalement cessé de se nourrir et depuis l’ouverture de la Cop27 dimanche, il ne boit plus non plus, selon ses proches.
Pour sa mère Laila Soueif, il peut survivre « un jour ou deux, trois maximum ». « Qu’est-ce qu’une mort de plus en prison pour les autorités égyptiennes qui ont tant de sang sur les mains ? », ajoutet-elle sur Facebook. «Je m’adresse aux autres, au Premier ministre britannique et au reste des dirigeants à Charm el-cheikh », écrit-elle encore.
« Nourri de force »
Rishi Sunak dit considérer Alaa Abdel Fattah comme « une priorité » et réclame que son cas soit « résolu au plus vite ». Macron, lui, assure que al-sissi s’est « engagé » àce que la santé d’alaa Abdel Fattah « soit préservée » et dit « espérer des résultats » dans « les prochaines semaines et les prochains mois ». En attendant, sa soeur Sanaa Seif pense que son frère pourrait être « nourri de force ».
Trois journalistes ont lancé lundi une grève de la faim au Caire, réclamant « la libération de tous les détenus d’opinion d’égypte », soit plus de 60 000 personnes selon les ONG.