Nice-Matin (Cannes)

À la sauce James Gray

- De James Gray (États-unis). Avec Anne Hathaway, Anthony Hopkins, Jeremy Strong, Banks Repeta... 1 h 54. Drame. Notre avis : JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

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L’histoire

Quel que soit le genre dans lequel il opère, James Gray, réalisateu­r de Little Odessa, La nuit nous appartient, Two Lovers ou encore Ad Astra, tourne toujours autour cher à ses yeux : la filiation. « Il y a dans les familles tous les ingrédient­s d’une tragédie grecque. La première personne que vous rencontrez dans votre vie c’est votre mère, puis votre père. Il y a forcément une lutte avec lui, puis Oedipe s’en mêle pour je ne sais quelles raisons. Il y a quelque chose de mythique là-dedans qui m’intéresse, quelque chose de très émouvant », a expliqué le cinéaste, à l’occasion d’une master class donnée durant le festival Lumière, à Lyon.

Avec Armageddon Time, sélectionn­é en compétitio­n officielle lors du dernier Festival de Cannes, Gray a choisi de raconter sa propre enfance. Celle d’un gamin juif du Queens, dans les années 1980, au moment de l’élection opposant Jimmy Carter à Ronald Reagan, futur vainqueur du duel. Aussi intenable qu’anxieux et rêveur, le petit Paul Graff (Banks Repeta, belle découverte) n’écoute que son grand-père, descendant de rescapés des pogroms d’ukraine (Anthony Hopkins, poignant). Dans son collège public, Paul aime parler du cosmos et faire l’imbécile, avec Johnny, un copain noir. Pas du goût de son professeur, ni de ses parents (Anne Hathaway et Jeremy Strong), qui décident de l’envoyer dans une institutio­n huppée. La route se poursuit sans Johnny, avec une réelle culpabilit­é à porter pour l’enfant de 11 ans.

Notre avis

Voilà donc le film le plus personnel de James Gray, celui qu’il faut sans doute scruter pour mieux comprendre les directions prises plus tard par le cinéaste, pour mieux cerner sa vision, où les injustices et le « privilège blanc » déterminen­t la marche du monde. Mais, même si Gray a décidé de se pencher sur son histoire familiale de manière intime, à un rythme assez lent et une photo crépuscula­ire signée Darius Khondji (Seven, Delicatess­en, La Cité des enfants perdus, etc.), il n’en donne pas toutes les clés, à l’image de ce père violent devenant peu à peu plus doux.

Outre les scènes entre Paul et son grand-père, pleines de messages forts, on apprécie la manière dont la relation entre ce gosse juif à la tignasse rousse et son pote Johnny est dépeinte, inspirée par Les 400 coups de Truffaut.

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