Une réforme de l’assurance chômage « inacceptable »
La nouvelle réforme présentée par le gouvernement réduit la durée d’indemnisation de 25 % pour les demandeurs d’emploi. Tous les syndicats la jugent « inacceptable ».
Un chômeur qui aurait eu droit par exemple à 12 mois d’indemnisation dans le système actuel n’aura plus droit qu’à neuf mois. Un plancher minimal de six mois sera préservé. Les premiers impacts sont donc attendus à partir du 1er août. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, espère « 100 000 à 150 000 retours à l’emploi » supplémentaires en 2023. « Nous allons garder un des systèmes les plus généreux d’europe », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. Mais les syndicats sont furieux. « Tout le monde voit ses droits baisser », « c’est un scandale », a dénoncé Michel Beaugas (FO) après une ultime réunion au ministère du Travail.
Les seniors « vont payer le plus cher »
Aujourd’hui, la durée d’indemnisation est appliquée selon le principe un jour travaillé, un jour indemnisé, avec un maximum de 24 mois pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53-54 ans et 36 mois pour les 55 ans ou plus. Les seniors « vont payer le plus cher », passant d’un maximum de 36 mois à 27, a réagi Denis Gravouil (CGT), craignant qu’ils ne basculent vers le RSA. C’est « une trappe à précarisation », a renchéri Eric Courpotin (CFTC). Le leitmotiv de l’exécutif est que l’assurance chômage soit « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ».
Rouge ou vert
Des « compléments de droits » des demandeurs d’emploi sont ainsi prévus en cas de mauvaise conjoncture. Lorsque les demandeurs d’emploi arriveront en fin de droits, si l’état du marché du travail est « rouge » – un taux de chômage audessus de 9 % ou en progression de 0,8 point sur un trimestre – alors leur durée d’indemnisation reviendra au niveau d’aujourd’hui. Le taux de chômage est actuellement de 7,3 % et le ministre s’attend à ce qu’il soit « assez identique » en février. Mais si, pendant trois trimestres de suite, le taux de chômage revient sous les 9 %, la situation repassera au « vert » et la durée sera de nouveau réduite de 25 %.
Le patronat approuve
L’exécutif justifie sa réforme par les difficultés de recrutement des entreprises, et en fait une première pierre de sa stratégie pour atteindre le plein-emploi en 2027, soit un taux d’environ 5 %.
Côté patronal, Hubert Mongon (Medef) a salué une réforme qui permet « d’aller dans le bon sens » vers le retour à l’emploi. Pour Éric Chevée (CPME), les dispositions annoncées « complètent utilement » les dispositifs d’assurance chômage. Après des réticences initiales, Michel Picon (U2P, artisans et commerçant) s’est dit « somme toute favorable » àla réforme car « plus on reste au chômage, moins on a de chance de retourner à l’emploi ».
« Faire des économies »
Pour la CFDT, cette modulation « n’est pas une solution pour atteindre le plein-emploi ». « Ce sont les bas salaires, les horaires décalés, les contrats courts, l’accès difficile au transport et au logement qui sont à l’origine des difficultés de recrutement », a-t-elle estimé dans un communiqué.
Lors de l’entrée en vigueur de la précédente réforme en 2021, le gouvernement « s’était engagé à ne pas toucher au capital de droits », a-telle rappelé. L’indemnisation avait été réduite pour certains demandeurs, mais en contrepartie, la durée allongée. « Les mesures prises sous un discours de pseudo-rationalité incitative au retour à l’emploi cachent en fait une volonté forcenée de faire des économies », a jugé la CFE-CGC. L’unédic les a évaluées à 4 milliards d’euros par an.