« On se tue à la tâche » : le SOS des magistrats à Nice
Près de 150 magistrats, greffiers et avocats ont également manifesté hier devant le tribunal judiciaire de Nice. Une situation que dénoncent d’une même voix le Syndicat de la magistrature, L’USM, Unité magistrats-fo et Cfdt-interco. État des lieux avec Hicham Melhem, délégué syndical Unité magistrats-fo à Nice.
Vous dénoncez un sous-effectif chronique ?
On a des postes vacants partout. Sur le ressort de la cour d’appel d’aix, plus de 100 postes de fonctionnaires sont vacants, 29 postes de magistrats du siège... Tout cela sur une base de souseffectif. Et on nous fait croire que les moyens n’ont jamais été aussi importants !
C’est effectivement le message du garde des Sceaux. On part de trop loin ?
Les moyens de la justice, on les voit. Et on assiste à des fiascos tels que celui qu’on a vu à Toulon. On demande à cinq magistrats de s’occuper en 24 heures de 177 migrants [débarqués de l’ocean Viking], et on n’y arrive pas. Pourquoi n’y avait-il que 5 magistrats ? On a beau se tuer à la tâche, on est la risée de tous quand il y a de tels fiascos.
Le quotidien en correctionnelle à Nice, ce sont des audiences à rallonge et des affaires renvoyées ?
Exactement. On nous demande toujours de juger plus avec moins de moyens. Il n’est pas rare que les audiences collégiales finissent à 23 h, minuit, voire 1 h du matin. C’est la double peine : on se tue à la tâche et on reçoit les reproches de nos concitoyens !
Comment le vivent les magistrats ?
On fait de notre mieux. Après, certains sont en grande difficulté. Parfois, ça se termine par un drame, parfois non. On a notre conscience professionnelle : aujourd’hui, c’est à contrecoeur que des collègues décident de renvoyer des dossiers.
L’impact pour les justiciables ?
C’est de l’insatisfaction. Ce sont des délais pour rendre un jugement civil de 600 jours, quand la médiane européenne est de 237. C’est honteux, inadmissible ! Je ne comprends pas que l’on n’arrive pas à donner à la justice les moyens qu’elle mérite. On a demandé plus de moyens ; on a des annonces.