David, 40 ans : « Je ne veux pas que mon fils fasse les mêmes erreurs que moi »
David a 40 ans. Il a vécu presque dix ans avec sa compagne, avec qui il a eu un petit garçon, aujourd’hui âgé de cinq ans. Il a un travail, où ça se passe de moins en moins bien, et il a l’habitude de consommer un peu – voire beaucoup – d’alcool. Et de prendre des stupéfiants, aussi. Avec sa compagne, ils se disputent de plus en plus, au point de se séparer.
Sauf que ça n’arrange pas la situation. David continue à boire, il perd son appartement, vit dans sa voiture et se montre menaçant envers son ancienne compagne au point que cette dernière dépose trois plaintes contre lui. « Certaines situations, je ne m’en souviens même pas, tellement j’avais bu », lâche David.
« J’avais besoin de parler »
À la suite du premier dépôt de plainte, le magistrat l’oblige à se soigner, décide d’une interdiction d’approcher à l’encontre de son ancienne compagne, une interdiction de quitter le territoire français et lui propose de participer à un groupe de parole, dans le cadre d’une mesure d’alternative aux poursuites. « Ça m’allait très bien, j’avais besoin de parler. D’échanger avec des professionnels, avec d’autres personnes pour comprendre comment j’en suis arrivé là. Avant de continuer ma réflexion, seul », confirme David. Sauf que, en deux mois, deux autres plaintes sont déposées pour violences verbales et menaces de mort par son ancienne compagne. « Là, je suis allé au tribunal de Grasse avec mon avocate. Et j’ai vraiment flippé.
J’étais à deux doigts de finir en prison », se souvient-il.
David a de la chance, le magistrat maintient ce qu’avait préconisé son confrère. « Mon avocate m’a répété que j’étais chanceux. Que d’autres ont pris de la prison ferme pour moins que ça », souffle-t-il. La Justice est comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête et lui donne le déclic qu’il lui fallait.
« J’ai fui mes responsabilités »
« En plus du groupe de parole, je suis suivi par une psychologue, une addictologue et un agent de probation. Ça me force à rester clean », reconnaît-il. Petit à petit, il détricote son passé et, avec l’aide de la psychologue, se rend compte qu’il a eu une enfance difficile. Sa mère est morte quand il était très jeune — « elle a bu et ne s’est jamais réveillée » — et son père le maltraitait. Son enfance se déroule en banlieue, dans différentes villes de France. « J’ai essayé de me sortir de ça, c’était déjà un gros combat », analyse-t-il. Et reprend : « mais maintenant, j’ai mon fils. Et je ne veux pas qu’il fasse les mêmes erreurs que moi. »
David change donc de travail, en prend un deuxième de nuit pour éponger ses dettes et s’occuper l’esprit. Il coupe court avec ses « mauvaises fréquentations » et arrête la consommation de stupéfiants ainsi que d’alcool. « Aujourd’hui, j’ai un deux-pièces et je peux voir mon fils toutes les deux semaines lors d’une visite encadrée. Je ne peux pas encore l’avoir avec moi. Je comprends et je continue ce travail sur moi-même », articule-til. Qui est essentiel car Karine Raimondo confirme que la plupart des auteurs de violences conjugales ont été confrontés à de la violence pendant leur enfance. Mais que tous les enfants témoins d’actes de violents ne les réitèrent pas forcément en grandissant. Avec sa psychologue, David avance et analyse sa consommation de drogues et d’alcool comme une façon de se protéger du monde adulte et de ses obligations. « J’ai fui mes responsabilités », admet-il. Il continue donc de se soigner pour regagner la confiance de la mère de son enfant et mériter son fils.