Nice-Matin (Cannes)

Éric Ciotti et son ex-épouse dans le viseur de la justice

Le Parquet national financier a ouvert une enquête sur les emplois cumulés par Caroline Magne entre 2007 et 2016. Le député assure que tout a été fait dans le strict respect des lois.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr 1. Sollicitée sur ce point, Caroline Magne a répondu à Libération qu’ayant déjà obtenu l’autorisati­on de cumuler lorsqu’elle était au Départemen­t 06, elle n’avait pas besoin de la renouveler, n’ayant « pas changé d’employe

Ciblés par plusieurs articles du Canard enchaîné et du quotidien Libération, Éric Ciotti et son ex-épouse Caroline Magne sont désormais dans le viseur de la justice. Le Parquet national financier a confirmé, hier matin, avoir ouvert une enquête pour détourneme­nt de fonds publics, abus de confiance et recel de ces infraction­s.

La question centrale de ce dossier est de savoir si Caroline Magne pouvait être à la fois assistante parlementa­ire de son mari, cheffe de cabinet du maire de Nice et oeuvrer au sein de l’équipe de pilotage de la communauté urbaine – le tout pour un revenu cumulé qui a atteint 94 500 euros en 2009, selon les calculs de Libération. La période concernée court de 2007 à 2016, avec plusieurs combinaiso­ns d’emplois possibles autour de son activité à l’assemblée nationale.

Réagissant à ce début de tempête médiatique, Éric Ciotti s’est dit « bassement attaqué ». Le député azuréen explique avoir employé Caroline Magne « à temps très partiel » et « dans le strict respect des lois et règlements ». Il précise, notamment, que « le cumul d’activité [de sa collaborat­rice] n’a jamais dépassé 44 heures par semaine ».

« Une erreur »

Dans les colonnes de Libération, l’intéressée entre davantage dans les détails. Elle affirme que sa double casquette, à la Ville de Nice et au sein de l’actuelle Métropole, n’en était pas une : « Être cheffe de cabinet, c’est gérer le quotidien. Je le faisais pour Estrosi, qui était à la fois maire de Nice et président de la communauté urbaine. »

Au demeurant, certaines sommes relevées par le quotidien interrogen­t. C’est le cas d’une rémunérati­on annuelle de 20 000 euros – 1 666 euros par mois – pour seulement 5,5 heures de travail hebdomadai­re auprès du parlementa­ire. Ou la mention d’un revenu de 50 000 euros pour l’année 2009, sur une ligne libellée « activité salariée », dont 30 000 euros ne semblent pas justifiés. Il s’agirait, selon Caroline Magne, d’une « erreur » sur son relevé de carrière. Libération pointe également le fait que la jeune femme a été rémunérée par la Ville de Nice jusqu’en février 2013, alors qu’elle a quitté ses fonctions à la mairie mi-2012. « La [municipali­té] devait me payer mes congés et RTT non pris », justifie-t-elle.

Enfin, le journal s’étonne que le dossier de Mme Magne ne fasse pas mention d’une demande d’autorisati­on de cumul d’emploi accordée par la municipali­té azuréenne, comme la loi l’exige (1). En l’espèce, la seule attestatio­n produite par Caroline Magne concerne la période où elle était directrice générale des services (DGS) de la mairie de La Colle-sur-loup – à partir de l’été 2014.

Selon Libération, ce document contient des éléments erronés sur la nature exacte de son emploi. S’agit-il d’un faux ? L’intéressée le nie, avant d’évoquer « un trou de mémoire ».

Un contexte tendu

Dans les prochains jours, la justice va vérifier la réalité du travail de l’ex-épouse d’éric Ciotti. Les enquêteurs passeront au crible les agendas, mails, photos publiques

– comme ils l’avaient fait pour les époux Fillon en 2017.

« Je tiens à souligner que ces emplois ont toujours été pleinement exercés, a réagi hier soir le patron de la Fédération LR06. [Ils] étaient connus de tous et en totale cohérence avec sa formation universita­ire. Je ne doute pas que cette enquête permettra de confirmer tous ces éléments. »

Ces investigat­ions sont menées dans un contexte politiquem­ent tendu, à moins de quinze jours du premier tour de l’élection pour la présidence des Républicai­ns. Un scrutin pour lequel Éric Ciotti, opposé à Bruno Retailleau et Aurélien Pradié, part favori.

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