Au coeur du procès
L’histoire
Rama (Kayije Kagame), jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly (Guslagie Malanda) à la cour d’assises de Saint-omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement….
Notre avis
Récompensée par le Grand Prix du jury et celui attribué au meilleur premier film à la Mostra de Venise, Saint Omer permet à Alice Diop, jusqu’alors spécialisée dans le documentaire, de réussir ses premiers pas dans la fiction. La question du réel n’est jamais bien loin puisqu’il est question, lors d’un procès pour infanticide, d’interroger le rapport à la maternité… quitte à bousculer. Politique et engagé, le long-métrage, inspiré par un fait divers survenu dans le Pas-de-calais, brille par sa mise en scène qui va laisser, dans un premier temps, le spectateur à sa place avant de l’impliquer de plus en plus pour le mettre dans la peau d’un juré, face à sa propre morale et à ses doutes, lors d’une plaidoirie finale filmée en regard caméra.
L’exercice est d’autant plus malin que la cinéaste laisse planer les zones d’ombre et ne tombe jamais dans le trop-plein d’explications. Le jeu de Guslagie Malanda, impressionnante dans la peau de l’accusée, qui dégage trouble et complexité dans sa déposition, donne une épaisseur supplémentaire par sa capacité à étaler, dans le calme, les évènements qui l’ont conduite à commettre l’irréparable… quitte à tomber dans le paradoxe, histoire de brouiller encore plus cette analyse fine, méthodique. Un choc.
> D’alice Diop (France). Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville... Drame. 2 h 02. Notre avis : ★★★★