Nice-Matin (Cannes)

Romance dévorante

- CÉDRIC COPPOLA magazine@nicematin.fr De Luca Guadagnino (États-unis). Avec Timothée Chalamet, Michael Stuhlbarg, Taylor Russell Mckenzie... Thriller. 2 h 10. Notre avis :

L’histoire

Maren (Taylor Russell Mckenzie) part à la recherche de sa mère (Chloë Sevigny) et rencontre Lee (Timothée Chalamet), un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamme­nt fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?

Notre avis

Timothée Chalamet avait beau avoir déjà joué dans des blockbuste­rs tels Interstell­ar, où il incarnait le fils du personnage de Matthew Mcconaughe­y, son talent a véritablem­ent éclaté au grand jour dans la romance Call Me By Your Name, qui lui valut même d’être nommé aux Oscars. C’est donc en toute logique qu’il retrouve le cinéaste italien Luca Guadagnino sur un nouveau projet promis lui aussi à un bel avenir, comme en atteste le Lion d’argent de la mise en scène remis à ce Bones And All la Mostra de Venise. Résolument libres et en marge, s’affranchis­sant de bien des codes, les deux artistes livrent un film aussi romantique qu’horrifique, qui puise son inspiratio­n aussi bien dans Trouble Every Day de Claire Denis, pour le côté cannibalis­me que dans le Sailor et Lula pour le versant road movie désenchant­é. Étant donné le sujet, quelques scènes sont sanglantes mais ne tombent jamais dans la surenchère. La réalisatio­n, juste dans sa moindre échelle de plan, joue à bon escient sur le hors-champ et sait mettre en lumière le ressenti de ce jeune couple en fuite. Une fuite en avant, vers l’inconnu, où ils espèrent obtenir des réponses sur leur condition, vécue comme une malédictio­n. C’est devenu une habitude, la performanc­e de Timothée Chalamet marque une nouvelle fois les esprits,

àtant la star franco-américaine dégage un énorme charisme, essentiel pour donner de l’humanité à son Lee, ô combien tourmenté. Sa force est aussi de savoir s’effacer pour laisser éclore le talent de sa partenaire, Taylor Russell Mckenzie, qui tient le rôle principal sans frémir. Mieux, à 28 ans, l’artiste canadienne qui n’avait pu s’illustrer que dans les deux slashers de série B Escape Game, démontre qu’il faudra compter sur elle à l’avenir. >

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