Nice-Matin (Cannes)

Bouclier tarifaire: les petites entreprise­s oubliées ?

Pour faire face à la crise de l’énergie, l’état a annoncé la prolongati­on du guichet électricit­é en 2023 et la mise en place d’un dispositif « amortisseu­r ». Pas la bouffée d’oxygène espérée par les TPE et artisans.

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Le doigt au-dessus de l’interrupte­ur, sans pour autant l’enclencher. Attendu au tournant, le ministre de l’économie Bruno Le Maire n’étend pas le bouclier tarifaire aux petites entreprise­s et artisans.

Pour répondre à la crise de l’énergie qui frappe de plein fouet les pros, le gouverneme­nt a préféré miser sur deux dispositif­s, au grand dam de certains intéressés (lire par ailleurs).

D’abord avec le « guichet électricit­é » qui, au lieu d’être stoppé le 31 décembre, joue les prolongati­ons en 2023 « pour alléger un peu plus la facture des artisans », explique le ministre.

Ensuite avec l’amortisseu­r électricit­é – à hauteur de trois milliards d’euros – qui permet à l’état de payer une partie de la facture. Un allègement qui, cumulé, pourrait atteindre les 35 %, à en croire le discours de Bercy.

Au micro de RMC hier matin, Bruno Le Maire a assuré que, grâce à ces aides, un entreprene­ur pourrait voir son fournisseu­r ne lui réclamer que 2 600 euros sur une note de 4 000 euros.

Pour le cas particulie­r des boulangeri­es, secteur particuliè­rement touché par la hausse des tarifs, le gouverneme­nt assure leur apporter « des solutions dans les jours qui viennent ».

Pour autant, selon Gilles Dutto, président de la chambre des métiers et de l’artisanat des Alpes-maritimes, ces mesures peuvent permettre de tenir la barre pour les boulangeri­es : « Avec ces aides, la facture n’est pas quadruplée mais doublée si l’on augmente concomitam­ment la baguette de huit centimes. »

Pour l’artisan installé à Opio, le message est là : « On ne va pas s’en mettre plein les fouilles. Il faut se rappeler que c’est un produit dévalorisé par rapport au travail demandé ! En réalité, elle devrait être à 2 euros depuis longtemps. Mais il ne faut pas exagérer : elle ne va pas arriver à 4 euros. »

Du coup, ces annonces incarnente­lles la fin des revendicat­ions ? « Absolument pas, ce n’est pas une fin en soi, on ne lâche rien, le combat continue. »

Guichet : ça continue

Depuis le 19 novembre, les conditions du guichet ont été simplifiée­s. Pour être éligibles, les profession­nels doivent à la fois subir une hausse de 50 % du prix de l’énergie et prouver que ce poste de dépense représente plus de 3 % de leur chiffre d’affaires 2021 sur la même période.

Trois paliers d’aide existent : 4 millions, 50 millions et 150 millions d’euros. Les démarches sont à effectuer auprès de la Direction générale des Finances publiques qui dématérial­ise la demande d’aide via le site www.impots.gouv.fr

Amortisseu­r : mode d’emploi

Les PME et TPE (1) non éligibles au bouclier tarifaire pourront bénéficier, tout comme les collectivi­tés locales ou encore les associatio­ns à but non lucratif, de l’amortisseu­r électricit­é.

Le concept ? L’état s’engage à régler de sa poche sur 50 % d’électricit­é consommée, l’écart entre le prix de l’énergie du contrat et 180 /MWH (0,18 /kwh). Une différence répercutée sur la facture. De facto, les clients doivent transmettr­e une attestatio­n d’éligibilit­é au fournisseu­r d’énergie. Ce dernier est en charge des calculs des montants pour les contrats : une opération réalisée « sous le contrôle strict de la Commission de régulation de l’énergie », comme le précise le gouverneme­nt.

Quel contrat en 2023 ?

Quelle stratégie faut-il adopter s’il est nécessaire de signer un nouveau contrat énergie en 2023 ? À cette question, le gouverneme­nt – qui assure que les dispositif­s mis en oeuvre « ne vont pas ramener les factures à leurs niveaux de 2021 » –, incite les entreprise­s à « porter une attention toute particuliè­re sur la durée d’engagement » et à « mettre en concurrenc­e les fournisseu­rs pour trouver l’offre la plus pertinente ».

Une problémati­que devant laquelle le président de la Fédération des maîtres boulangers et pâtissiers des Alpes-maritimes a déjà planché en amont avec ses confrères : « Bien avant cette période nous avions proposé à nos adhérents les services de courtiers en énergie. Ceux qui y ont souscrit à l’époque nous remercient : leur contrat court jusqu’en 2025. » Le temps de laisser voir venir : « Peut-être que d’ici là la situation sera plus stable. » 1. Petites et moyennes entreprise­s, Très petites entreprise­s.

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(Photo d’illustrati­on C. D.) Depuis le début de la crise de l’énergie, nombreux sont les artisans, comme les boulangers, qui ont réclamé le bouclier tarifaire.

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